Mohamad Hazet, 39 ans, campe depuis des semaines devant l’université du Caire à Giza. Six hauts dirigeants des Frères musulmans, dont le Guide suprême Mohamed Badie et ses deux adjoints Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, seront jugés à partir du 25 août. Mais il ne paraît ni surpris ni ébranlé.
« La justice égyptienne est politisée, elle n’est pas équitable, affirme-t-il. Cela fait partie de sa campagne contre les Frères musulmans et Mohamed Morsi. Des responsables sont déjà en prison, certains sont recherchés et tous les jours, il y a de nouvelles charges contre eux. »
Saïd Ahmad, 42 ans, considère, lui aussi, que les accusations d’incitation au meurtre qui pèsent sur des responsables islamistes sont tout à fait illégitimes.
« C’est la même chose que sous Moubarak ! Ceux qui sont derrière le coup d’Etat, ce sont les militaires, c’est le même système que Moubarak, s'insurge-t-il. Nous sommes habitués à cela. C’est ce qu’ils ont fait depuis les années 1960. Mais ça ne marchera pas cette fois. Les gens peuvent parler, ils sont plus informés. Moi je suis menuisier. Bien sûr je ne suis pas comme les gens qui sont éduqués et cultivés. Mais je peux m’informer, discuter. Il ne s’agit pas de Khairat al-Chater ou de Mohamed el Beltagui, ou de n’importe quel autre leader. Nous sommes tous des leaders. Ils peuvent emmener, arrêter ou tuer un Beltagui ou un Mohamed Morsi, il y aura 100 000 nouveaux Beltagui, 100 000 nouveaux Morsi ! »
Depuis la destitution de Mohamed Morsi, plus de 300 mandats d’arrêt ont été émis contre des responsables islamistes.