A peine quelques semaines après la levée du moratoire interdisant le transfèrement vers le Yémen de détenus de la prison de Guantanamo, Barack Obama s'est entretenu avec son homologue yéménite à propos des prisonniers originaires de ce pays. Sur les 86 détenus qui ont reçu le feu vert des autorités militaires pour un transfèrement, 56 sont Yéménites. La prison de Guantanamo, que Barack Obama promet de fermer depuis cinq ans, abrite actuellement 166 détenus.
Ainsi, le président américain devrait permettre le retour de ces détenus yéménites. Il a toutefois prévenu que leurs dossiers feraient l'objet d'un examen « au cas par cas ».
De son côté, Sanaa a indiqué qu'elle suivrait « toutes les étapes nécessaires pour s'assurer du retour en toute sécurité de ses détenus » et qu'elle allait « continuer à travailler à leur réhabilitation progressive et à leur réintégration dans la société ».
Car cette opération est loin d’être effective. Elle est même très risquée. C’est un prisonnier de Guantanamo, libéré en 2007, qui avait perpétré un an plus tard l’attentat-suicide à la voiture piégée contre l’ambassade des Etats-Unis à Sanaa. Une dizaine de personnes avaient trouvé la mort, en plus de six assaillants, dans ce qui est considéré comme l'une des plus sanglantes attaques de l'histoire du Yémen.
Dès lors, les Etats-Unis se doivent de participer à la réhabilitation de ces détenus afin de
mener au mieux leur lutte contre le terrorisme.
La lutte anti-terroriste, la priorité des priorités à Washington
Le Yémen abrite la base arrière de l’organisation terroriste al-Qaïda dans la péninsule arabique. Et Barack Obama a bien l’intention de poursuivre sa lutte contre le fléau. Déjà, sous l’ancien président Ali Abdallah Saleh, le Yémen et les Etats-Unis étaient alliés dans la lutte contre Aqpa.
L’utilisation très controversée par les Américains des drones, selon leur gré, est un exemple parmi d’autres de la présence américaine sur le sol yéménite. Au moins quatre activistes de la nébuleuse al-Qaïda auraient ainsi été tués ce jeudi 1er août dans l'est du Yémen par des missiles tirés par un drone, ce qui porte à trois le nombre d'attaques de ce genre en moins d'une semaine.
Même si Washington refuse de s'exprimer publiquement à ce sujet, les autorités américaines ne cessent de mener des opérations contre les extrémistes islamistes dans cette « Arabie heureuse » toujours confrontée aux violences de groupes armés.
C’est d’ailleurs une frappe de drones qui avait coûté la vie en 2011 à l'imam radical américano-yéménite Anwar Al-Awlaqi, présenté par Washington comme l'idéologue de la branche d'al-Qaïda au Yémen, impliqué dans une série de tentatives d'attentats, dont celle menée contre un avion américain le jour de Noël 2009. Désormais, il s’agit pour Washington de demander à Sanaa que son espace aérien lui reste ouvert.
Le renforcement du partenariat dans ce combat est ainsi au coeur de la rencontre entre les deux présidents. Le président des Etats-Unis Barack Obama n'a d'ailleurs pas manqué de louer jeudi 1er août la « coopération solide » des autorités yéménites dans la lutte contre al-Qaïda. Il apparaît en effet laborieux pour Sanaa de mener seule la lutte : le pouvoir central est extrêmement faible, les moyens financiers restreints et la transition politique entamée considérablement difficile. « La visite mettra en évidence la solidité des relations américano-yéménites et soulignera le soutien des Etats-Unis à la transition politique au Yémen », soulignait ainsi le communiqué de Washington la veille de la rencontre.
Abd Rabbo Mansour Hadi, président élu en 2012, a d’ailleurs déjà rencontré le vice-président Joe Biden il y a quelques mois. Surtout, il s’est brièvement entretenu avec Barack Obama, alors en pleine campagne présidentielle, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York. Il s'agissait du seul dirigeant étranger à avoir eu droit à cet égard. Tout un symbole.