Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
« Nos discussions ont été franches et chaleureuses ». C’est ainsi que Catherine Ashton a décrit ses discussions avec l’ex-président Mohamed Morsi qui ont duré près de deux heures. A force d’insistance, la chef de la diplomatie européenne a réussi là où la famille du président destitué à échoué : rencontrer Mohamed Morsi dans son lieu de détention tenu secret. Ashton a indiqué avoir transmis au président, qu’elle a souligné « bien connaître », les sentiments de ses proches.
La responsable de la diplomatie européenne a aussi rencontré les différentes parties égyptiennes, hier, lundi 29 juillet : le président par intérim Adly Mansour, le vice-président chargé des Affaires étrangères Mohamed el-Baradei et l’homme fort de l’Egypte, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense, le général Abdel Fatah al-Sissi.
Rencontre avec les Frères musulmans, Tamarod et des mouvements « neutres »
Outre la rencontre avec les principaux responsables politiques, la chef de la diplomatie européenne a aussi rencontré une délégation de « l'Alliance anti-coup », regroupant principalement les Frères musulmans et leurs alliés. Elle a également rencontré les jeunes du mouvement Tamarod à l’origine des manifestations qui ont amené à la destitution de l’ex-président Morsi. Elle a enfin rencontré des représentants du parti salafiste al-Nour et du mouvement du 6-Avril qui ont adopté une position de neutralité dans la crise actuelle.
La médiation de l’envoyée européenne n’a pas permis, pour l’instant, de rapprocher les points de vue. Les Frères refusent toute discussion avant le retour du président Morsi tandis que Tamarod accuse la confrérie d’être une branche d’al-Qaïda.
Les Frères musulmans veulent prouver à l'Occident qu'ils sont incontournables
La présence de Catherine Ashton au Caire va probablement avoir un impact sur les manifestations pro-Morsi prévues aujourd'hui, mardi. Les Frères musulmans veulent prouver aux puissances occidentales qu’ils sont majoritaires ou au moins un acteur incontournable.
Deux marches principales sont annoncées. La première partira de l’université du Caire et se dirigera vers les ambassades. Les plus proches sont celles d’Arabie et de France. Il y a risque de danger si les manifestants se dirigent vers l’ambassade américaine située aux abords de la place Tahrir occupée par les anti-Morsi. Autre risque, celui de la marche vers le ministère de la Défense. Les militaires ont annoncé qu’ils adopteront des mesures draconiennes contre tout débordement.