Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
« Ils veulent nous entraîner dans un scénario catastrophe », a lancé M. Erdogan dimanche, réitérant les accusations répétées des responsables turcs contre Damas, qui a d’ailleurs démenti toute implication, et alors qu’on commence à en savoir un peu plus sur les suspects.
C’est leur identité alevie, donc des proches cousins de la minorité alaouite au pouvoir à Damas, et leur engagement à défendre au moins verbalement la forteresse assiégée de Bachar el-Assad, qui en fait des alliés objectifs du régime baasiste, à défaut d’être ses véritables complices.
Cinq des neuf suspects arrêtés sont membres du DHKP-C, le Front-Parti de libération du peuple révolutionnaire, une organisation d’extrême gauche fortement marquée par son identité alévie et qui a récemment attaqué l’ambassade des Etats-Unis à Ankara, alors que les quatre autres appartiennent au THKP-C, ou Front-Parti de libération du peuple turc, cette fois, groupuscule plus local et quasiment inconnu, mais impliqué, semble-t-il, dans des actions en territoire syrien aux côtés de l’armée loyaliste.
Leur implication reste à prouver. Elle aurait consisté à faire entrer les véhicules piégés en Turquie et à les faire exploser, selon le ministre de l’Intérieur. Mais le « scénario catastrophe », s’il y en a un et même si Damas n’en est pas l’auteur, c’est bien celui d’une fracture confessionnelle qui s’installerait à son tour en Turquie, reproduisant le schéma de la guerre civile syrienne.