Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
La Turquie a annoncé ce lundi 11 mars avoir mis la main sur plusieurs suspects de l'attentat à la voiture piégée du 11 février dernier, à la frontière turco-syrienne. Cinq des huit suspects, dont une femme, sont des Syriens. Trois sont des Turcs. Un neuvième est toujours recherché, selon la police.
L’opération menant à ces arrestations a été lancée le jeudi 7 mars et s’est poursuivi les 8 et 9 mars, a annoncé la Direction de la Sûreté dans un communiqué.
Mais quand les journalistes l’interrogent, le ministre turc de l’Intérieur, Muammer Güler, répond qu’il ne peut donner « aucune précision ». Même discrétion du porte-parole du gouvernement, Bülent Arinç, qui invoque le secret de l’instruction en cours.
Etrange retenue, car les autorités turques sont habituellement beaucoup plus dissertes quand elles donnent le détail - et les noms, bien souvent - des arrestations menées dans les milieux kurdes, islamistes ou d’extrême gauche.
Un raid mené en Syrie ?
D’autant que cette opération mériterait de « servir de scénario à un film », a insisté Bülent Arinç, qui a publiquement « félicité les forces de sécurité pour ce succès. »
Autant de mystère et d’emphase qui font sérieusement penser que la Turquie a mené ce raid au-delà de la frontière, en Syrie même, donc. Une opération menée de toute évidence avec l’aide de l’Armée syrienne libre, que la Turquie soutient activement depuis 18 mois.
En tous cas, selon le ministre de l’Intérieur, c’est certain, les hommes et la femme arrêtés ont des liens avec les services de renseignement et l’Armée syrienne. Des accusations que devra confirmer le procès qui se tiendra dans la ville d’Adana, à une date encore non précisée.