Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Depuis plusieurs semaines, le scénario de ces attaques meurtrières qui se répète inlassablement fait penser à la Turquie que la guérilla kurde tire avantage de l’autonomie de fait dont jouit la région kurde de Syrie, voire que le régime baasiste de Damas instrumentalise les Kurdes pour punir Ankara de son attitude hostile. Il est vrai que depuis le retrait des forces loyales à Bachar el-Assad du nord-est de la Syrie, frontalier avec la Turquie, c’est le Parti de l'union démocratique (PYD), émanation ou satellite du PKK turc, qui a pris le contrôle de cette région.
Pourtant, les Kurdes syriens ne cessent de rappeler qu’ils veulent éviter tout conflit avec la Turquie voisine et ne visent qu’à gagner leur autonomie vis-à-vis du pouvoir central en place à Damas, pour installer une administration locale à la manière des Kurdes d’Irak, qui - il faut le rappeler - vivent en très bon voisinage avec les Turcs.
Même si la Turquie ne voit pas d’un très bon œil ce nouvel embryon d’Etat kurde à sa frontière, et le fait savoir, rien ne dit que les rebelles kurdes du PKK sont effectivement renforcés par cette nouvelle donne syrienne.
En revanche, il est certain qu’ils réagissent à l’absence de dialogue entre le gouvernement turc et la classe politique kurde, et à la marginalisation progressive de cette dernière, assortie d’arrestations en masse et de persécutions judiciaires depuis plusieurs mois.