De notre envoyé spécial au poste-frontière de Bab el-Salama, Jérôme Bastion
Dans quelques jours, les quatre nouveaux villages de toile en cours d’achèvement commenceront à accueillir leurs nouveaux pensionnaires, pour une capacité de 40 000 places supplémentaires. Il y a fort à parier qu’ils seront vite saturés.
C’est pourquoi la Turquie essaie de contenir les nouveaux arrivants du côté syrien, immédiatement derrière le no man's land, comme à Bab el-Salama. Cette étroite région humanitaire, zone tampon de facto, qui sera également bientôt dotée de logements préfabriqués, ne manque de rien, explique le gouverneur de Kilis, Süleyman Tapsiz : « Nous leur faisons parvenir, de l’autre côté, toute l’aide humanitaire nécessaire : nous envoyons de la nourriture, nous envoyons des médicaments, nous envoyons de l’eau potable en citerne et nous répondons aux besoins en toutes sortes de fournitures. »
Du côté des autorités locales et provisoires syriennes, la formule satisfait, à une condition, souligne Abou Youssef, responsable de la police des frontières : « C’est peut-être la meilleure solution pour nous autant que pour eux : qu’ils aménagent, en territoire syrien, des aires appropriées, et veillent à ce qu’il n’y ait pas de problème d’approvisionnement ; que leurs avions patrouillent dans le ciel syrien pour nous protéger, ainsi plus personne n’aura besoin de s’installer en Turquie. »
C’est bien sûr cette question de sécurité qui pose problème, mais les réfugiés se sentent suffisamment protégés en étant ainsi adossés à la frontière turque. Effectivement, beaucoup ne réclament même plus à s’installer en Turquie même.