A la frontière syro-turque, une zone tampon humanitaire improvisée s'organise

Alors que les combats se poursuivent dans la majeure partie du pays, notamment dans les grandes villes, Damas et Alep, les civils fuient, en famille, vers les frontières libanaises et turques. La situation devient critique pour ces pays qui font face à cet afflux massif de réfugiés depuis des mois. Il y a trois jours, la Turquie a décidé de bloquer l'immigration à son poste frontière de Bab el-Salama où des dizaines de milliers de Syriens se sont rassemblés. Initialement, ces derniers souhaitaient passer la frontière, mais cette région, au nord de la Syrie, est sous contrôle rebelle et les civils en exode se contentent finalement de cette relative sécurité. Une zone tampon humanitaire improvisée se développe.

De notre envoyé spécial au poste-frontière de Bab el-Salama, Jérôme Bastion

Dans quelques jours, les quatre nouveaux villages de toile en cours d’achèvement commenceront à accueillir leurs nouveaux pensionnaires, pour une capacité de 40 000 places supplémentaires. Il y a fort à parier qu’ils seront vite saturés.

C’est pourquoi la Turquie essaie de contenir les nouveaux arrivants du côté syrien, immédiatement derrière le no man's land, comme à Bab el-Salama. Cette étroite région humanitaire, zone tampon de facto, qui sera également bientôt dotée de logements préfabriqués, ne manque de rien, explique le gouverneur de Kilis, Süleyman Tapsiz : « Nous leur faisons parvenir, de l’autre côté, toute l’aide humanitaire nécessaire : nous envoyons de la nourriture, nous envoyons des médicaments, nous envoyons de l’eau potable en citerne et nous répondons aux besoins en toutes sortes de fournitures. »

Du côté des autorités locales et provisoires syriennes, la formule satisfait, à une condition, souligne Abou Youssef, responsable de la police des frontières : « C’est peut-être la meilleure solution pour nous autant que pour eux : qu’ils aménagent, en territoire syrien, des aires appropriées, et veillent à ce qu’il n’y ait pas de problème d’approvisionnement ; que leurs avions patrouillent dans le ciel syrien pour nous protéger, ainsi plus personne n’aura besoin de s’installer en Turquie. »

C’est bien sûr cette question de sécurité qui pose problème, mais les réfugiés se sentent suffisamment protégés en étant ainsi adossés à la frontière turque. Effectivement, beaucoup ne réclament même plus à s’installer en Turquie même.

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