« L'attaque a eu lieu tout près de l'aéroport de Damas et la cible était des
missiles iraniens destinés au Hezbollah », a déclaré un haut responsable israélien sous le couvert de l'anonymat. Israël semble donc bien avoir effectué une attaque aérienne contre des armements destinés au Hezbollah, dans la nuit de samedi à dimanche.
Ce matin, avant ces déclarations, la télévision syrienne qualifiait ces explosions d' « agression israélienne ». L'attaque visait un centre de recherches scientifiques, et pour les médias d'Etat, elle a pour but de « desserrer l'étau sur les terroristes dans la Ghouta de l'Est », une région située dans la banlieue proche de Damas. En somme, le régime accuse Israël de venir en aide aux rebelles.
Une source militaire syrienne a démenti ce raid, mais une source diplomatique à Beyrouth l’a confirmé en précisant qu’il visait des missiles sol-air livrés par l’allié russe et entreposés à l’aéroport de Damas.
L’agence officielle Sana, elle, confirme ces dires ; elle a également annoncé que vendredi, à l’aube, des rebelles ont tiré deux roquettes sur l’aéroport de Damas, touchant un avion stationné.
Une confirmation qui intervient alors que des médias américains révélaient hier, samedi, que l'Etat hébreu avait mené une deuxième opération en Syrie depuis le début du conflit il y a deux ans. Un raid aérien contre, vraisemblablement, un convoi d'armes à destination du Hezbollah libanais, mouvement considéré comme terroriste par Israël et les Etats-Unis.
Israël « surveille » les transferts d'armes au Hezbollah
Côté autorités Israéliennes, le silence était de mise sur l'attaque d'hier. Interrogé, le porte-parole du Premier ministre, Mark Regev, s’était refusé à tout commentaire, tout en répétant que les autorités israéliennes surveillaient le transfert d’armes au Hezbollah libanais.
Il faut dire qu'Israël confirme rarement, ou à demi-mots, ce genre d'opérations. Comme lors d’une première frappe en janvier, confirmée implicitement par Moshé Yalon, le ministre israélien de la Défense lors de la visite quelques jours plus tard de son homologue américain, Chuck Hagel.
Si Barack Obama refuse pour l’instant d’envoyer ses troupes en Syrie, même s’il était prouvé que Bachar el-Assad a eu recours aux armes chimiques, il a apporté son soutien à l’Etat hébreu. Le président américain a ainsi refusé de commenter « ce qui s’est passé hier (dans la nuit de jeudi à vendredi, ndlr) en Syrie », mais a toutefois jugé « justifié » que les Israéliens cherchent à « se protéger contre le transfert d’armes sophistiquées à des organisations terroristes comme le Hezbollah ».
Un charnier découvert à Banias
Des interrogations qui surviennent alors que la journée d'hier, samedi, a été marquée par la découverte macabre d'un charnier dans la ville de Banias, sur la côte méditerranéenne. Soixante-deux corps ont pu être identifiés, parmi lesquels les dépouilles d'au moins 14 enfants, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (ONG proche de l'opposition). Ce sont des habitants du quartier de Ras al-Nabaa, à majorité sunnite.
L'opposition politique dénonce un nettoyage ethnique mené par le régime et ses milices. C'est le deuxième massacre de ce type en quelques jours. Jeudi, au moins 50 civils auraient été tués dans le village voisin de Bayda. Là encore, les informations sont difficiles à vérifier sur cette zone de guerre.
En tout cas, des centaines de personnes fuient maintenant ces quartiers sunnites. Selon certains experts, cette région alaouite est primordiale pour le régime : c'est là que Bachar el-Assad pourrait se réfugier si Damas tombait aux mains des rebelles.