Avec nos correspondants à New York et à Londres, Karim Lebhour, Adrien Moss
Des armes chimiques ont bien été utilisées en Syrie. C’est en tout cas l’information transmise au secrétaire général de l’ONU. Selon un diplomate onusien, la France et la Grande-Bretagne ont donné à Ban Ki-moon des éléments « solides » et « convaincants » sur des tirs d’armes chimiques près d’Alep le mois dernier, des tirs « sporadiques ». Au moins un tir a touché des soldats syriens. Impossible, dit le diplomate de savoir qui a tiré ces obus chimiques : l’armée syrienne elle-même ou des rebelles de l’opposition.
Cette information explique l’insistance de la France et du Royaume-Uni pour que l’enquête de l’ONU ne se limite pas à l’incident d’Alep. Les Occidentaux craignent que si les experts de l’ONU examinent seulement les victimes parmi les soldats syriens, cela ne renforce la version du régime.
Ban Ki-moon insiste pour enquêter sur tous les incidents signalés, y compris à Homs. Si le gouvernement syrien persiste dans son refus, les experts pourront encore mener des tests sur des victimes présumées d’armes chimiques en dehors de la Syrie, mais ils ne pourront pas déterminer l’origine de ces tirs.
Preuves ? Il s'agirait de la première preuve de l’utilisation de certaines sortes d’armes chimiques en Syrie selon des experts du ministère britannique de la Défense, écrit le Times. Ce journal avait déjà annoncé en mars 2013 qu’une mission britannique avait secrètement rapporté en Angleterre des échantillons de terre prélevés dans une zone de combats près de Damas.
Cette terre, analysée par les experts en armes chimiques et biologiques du laboratoire militaire spécialisé de Porton Down a parlé : il y a des traces médicales d’utilisation de gaz interdits au cours de ces combats entre l’armée syrienne et les rebelles. Il ne s’agit pas, précisent ces spécialistes de gaz anti émeutes utilisés contre des manifestants.
Il s’agit d’autre chose mais ils ne peuvent pas préciser s'il s’agit de gaz sarin, particulièrement dangereux, que l’armée syrienne aurait en stock dans une trentaine de dépôts à travers le pays, toujours selon le Times. Les experts britanniques ne peuvent pas dire si ce sont les rebelles ou l’armée syrienne qui ont utilisé ces armes chimiques, les deux parties s’accusant mutuellement d’en avoir fait usage. Une mission de l’ONU devait cette semaine se rendre en Syrie pour enquêter sur cette question mais les autorités de Damas lui ont, pour l'instant, interdit d’entrer dans le pays.