Réfugiés syriens en Jordanie: le camp de Zaatari au bord de l’implosion

Le nombre de réfugiés syriens a dépassé la barre du million au début du mois de mars, et pourrait doubler d’ici à la fin de l’année selon l’ONU. Dans le camp de Zaatari, en Jordanie, ce sont désormais plus de 120 000 réfugiés qui sont concentrés dans un espace prévu, à l’origine, pour quelques dizaines de milliers de personnes. Avec à la clé, des conditions de vie de plus en plus difficiles.

Elle s’est décidée au début du mois de février, lorsque la guerre s’est approchée un peu plus de son quartier, un faubourg de Damas jusqu’alors épargné par les combats. Pour Fatima, son mari et leurs trois enfants, c’est un long périple qui a alors débuté, de la capitale syrienne jusqu’à la frontière jordanienne. A son arrivée de l’autre côté de la frontière, elle rejoint le camp de Zaatari, et découvre des conditions de vie particulièrement difficiles : « Le camp est sale, l’eau est imbuvable… et il y a le froid, il fait tellement froid la nuit, c’est ça qui est le plus dur ! ».

Mais ce qui inquiète le plus Fatima, ce sont les problèmes de sécurité. « Je n’ose imaginer ce qui pourrait arriver à mes enfants s’ils devaient se perdre dans le camp, souffle-t-elle, c’est comme une grande ville ici, sauf que la police on ne la voit jamais ! »

En réalité, un poste de police a été ouvert par les autorités jordaniennes pour tenter de réguler la vie du camp, mais les effectifs trop peu nombreux ne permettent pas d’assurer la sécurité des femmes et des enfants qui forment l’immense majorité des réfugiés. « Bien sûr que nous avons un problème de sécurité, reconnaît Andrew Harper, responsable du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Jordanie, mais le camp est devenue une ville de plus de cent mille habitants en quelques mois seulement, et cela provoque forcément de la tension et de la frustration ! »

Sensation d’enfermement

Malgré ces conditions de vie toujours plus difficiles, la plupart des réfugiés de Zaatari se disent soulagés d’avoir quitté l’enfer de la guerre. Pour Basel, tout juste arrivé de Daraa, la vie était devenue impossible de l’autre côté de la frontière. « Les bombardements n’arrêtent pas, il y a des tirs de mortiers, des snipers, raconte ce père de quatre enfants. Notre pays il est en ruines, maintenant ! En plus, les services de base ont disparu. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, plus de nourriture. Il n’y a plus rien pour nous là-bas. »

Pour la plupart des réfugiés de Zaatari, il n’est pas question de retourner en Syrie, du moins tant que les combats y continueront. Leur seul espoir, dans l’immédiat c’est de sortir du camp. Mais il leur faut pour cela trouver un tuteur jordanien, un proche, un ami, ou un bienfaiteur anonyme qui apportera une garantie financière auprès des autorités jordaniennes. « J’ai besoin de cette garantie pour sortir d’ici, soupire Basel. En attendant, je reste prisonnier de Zaatari et comme je ne connais personne en Jordanie, cela risque de durer longtemps. »

Au-delà des conditions de vie, chaque jour plus difficiles à mesure que grossit le flux de réfugiés, c’est cette sensation d’enfermement qui pèse le plus sur les réfugiés de Zaatari. Avec le sentiment d’être coupés de la Syrie, et des quelques proches laissés de l’autre côté de la frontière. « L’un de mes fils est resté là-bas pour se battre avec la rébellion, raconte Fatima, j’ai aussi une fille qui est enceinte et qui n’est pas venue avec nous car son mari ne l’a pas laissée partir. Pour moi, c’est terrible, car j’ai l’impression d’avoir laissé mon cœur en Syrie. »

 

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