Référendum en Egypte : de nombreuses irrégularités au deuxième jour de vote

Les Egyptiens ont voté, ce samedi 22 décembre, dans le cadre du référendum sur le projet de Constitution défendu par le président et les Frères musulmans. Le 15 décembre, une première moitié du pays avait déjà donné son avis. Ce samedi, c'était désormais au tour des villes du canal de Suez, ainsi que d'une partie de la périphérie de la capitale, de s'exprimer. Les bureaux de vote sont restés ouverts tard.  Le scrutin est entaché de nombreuses irrégularités.

Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti

Comme lors de la première phase du vote, la commission électorale a décidé de jouer les prolongations, du fait de l’affluence et de l’insuffisance des bureaux de vote. Le scrutin, qui avait commencé à 8 heures du matin, s'est terminé à 23 heures.

Pour beaucoup d’observateurs, il aurait été beaucoup plus pratique d’étendre le scrutin sur deux jours dans ces régions, comme cela avait été le cas lors de la présidentielle.

ONG islamiques fraîchement créées

Un autre problème, constaté lors de la première phase du référendum, n’a fait qu’empirer ce samedi : les autorités avaient privé des organisations historiques de permis d'observer les élections, alors qu’elles les avaient généreusement distribués, et en blanc, à des ONG islamiques fraîchement créées.

Près de 10 000 nouveaux permis ont été délivrés, pour des observateurs qui n’ont observé aucune irrégularité, tant ils étaient occupés à tenter d’influencer les électeurs dans le sens du « oui ».

Lenteur des files de femmes

Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé un ralentissement prémédité du vote de certaines catégories d’Egyptiens. Les chrétiens et les femmes étaient visés. Les chrétiens, car ils allaient certainement dire « non » à une Constitution islamisante. Les cas les plus flagrants ont eu lieu dans une province à très forte minorité chrétienne : Minieh, en Moyenne-Egypte.

Le vote des chrétiens était intentionnellement ralenti dans les villes, ou tout simplement interdit dans des villages, par des islamistes. Pour les femmes, on a noté dans toutes les villes que les files féminines avançaient beaucoup moins vite que celles des hommes.

Les forces de l'ordre sans réaction

Les femmes auraient elles aussi plutôt tendance à dire « non » à une Constitution qui risque de les priver de droits acquis de haute lutte : celui de pouvoir demander le divorce pour incompatibilité, et celui de garder le domicile conjugale si la femme répudiée a des enfants en bas âge.

Plusieurs cas d’agressions contre des femmes non voilées par des femmes en niqab ont été signalés. Les forces de l’ordre ne sont pas intervenues, sous prétexte que cela avait eu lieu hors de l’enceinte des bureaux de vote.

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