Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
Dans son discours, le président Mohamed Morsi n’a pratiquement répondu à aucune demande du Front du salut national, regroupant les forces de l’opposition. Le point d’orgue du discours était l’invitation des symboles de l’opposition à un dialogue samedi après-midi.
Le Front avait bien spécifié qu’il n’y aurait pas de dialogue possible avant l’abrogation du décret rendant les décisions présidentielles inattaquables en justice et lui octroyant des super pouvoirs.
La seule chose qu’il pourrait concéder après dialogue, a fait entendre le raïs, c’est le renoncement à l’article sur les super pouvoirs. L’opposition exigeait aussi le report sine die du référendum sur le projet de Constitution pour en discuter et le remanier.
Mais Mohamed Morsi s’est montré intraitable sur la question. Le référendum aura bien lieu samedi 15 décembre. Pire, les Egyptiens de l’étranger auront déjà commencé à voter quelques heures avant l’éventuelle réunion avec l’opposition.
Comme par le passé, Morsi a justifié son inflexibilité par la nécessité de contrer une conspiration ourdie par les ennemis, non identifiés, de la nation et de la révolution.
Les souliers brandis en direction du palais de la présidence par des centaines de manifestants criant « dégage » à la fin du discours de Mohamed Morsi sont un signe qui ne trompe pas.
Ce discours a réussi à plonger toute l’opposition dans une sainte colère. Les jeunes manifestants pour avoir été accusés d’être les casseurs alors qu’il n’a nullement été question des violences perpétrées par les Frères musulmans. Les dirigeants de l’opposition pour avoir été implicitement accusés d’avoir participé à un complot nébuleux.
Pour ceux qui n’avaient pas bien compris, le site des Frères musulmans a donné les noms : l’opposant libéral et prix Nobel, Mohamed el-Baradei et le socialiste nassérien Hamdin Sabbahi. Ce dernier, qui devait participer à un talk-show sur une chaîne de télé privée a d’ailleurs été empêché d'y participer.