Avec notre envoyé spécial au Caire, Daniel Vallot
Tout s’est joué en quelques minutes mardi 4 décembre au soir. Les manifestants rassemblés aux abords du palais ont réussi à bousculer les forces de l’ordre qui étaient censées les empêcher de se rapprocher. Il y a eu quelques affrontements, des tirs de gaz lacrymogène, mais, très vite la police a reculé et a laissé le champ libre aux manifestants qui ont littéralement encerclé le palais présidentiel.
Un symbole très fort : jamais à l’époque de Moubarak une telle manifestation n’aurait été ne serait-ce qu’envisagée un seul instant. Les manifestants, déterminés, sont très en colère contre le président égyptien. Pour cet ingénieur, qui se trouvait hier soir devant le palais présidentiel, Mohamed Morsi a le tort de ne représenter désormais qu’une seule partie de la population égyptienne : « Je suis en colère parce qu'il divise la communauté égyptienne. Nous étions un groupe. Maintenant nous serons deux groupes. Ca, c’est à cause de lui. »
Le président égyptien Mohamed Morsi est toujours contesté par la rue mais il campe malgré tout sur ses positions. Pour l’instant, il n’a cédé sur aucune des revendications de l’opposition. Il a maintenu son décret constitutionnel qui le place au-dessus de la justice. Il a validé le projet de Constitution adopté à la hâte la semaine dernière et il maintient également la date du référendum constitutionnel du 15 décembre. Le chef de l'État égyptien a d'ailleurs regagné ce mercredi matin le palais présidentiel, son lieu de travail qu'il avait été contraint de quitter la veille sous la pression des manifestants.
En attendant, une nouvelle manifestation est prévue vendredi prochain ; l’occasion, pour l’opposition, de mobiliser de nouveau la rue. La bataille va se jouer dans les prochains jours au sein des tribunaux égyptiens qui vont délibérer à leur niveau pour décider s’ils acceptent ou non de superviser le référendum. Une décision très attendue puisqu’en Egypte, c’est la justice qui s’occupe de l’organisation des élections.