Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
De vrais combats de rue ont duré toute la nuit avec jets de pierres, cocktails Molotov et même des grenades lacrymogènes lancées par des civils. Il y a aussi eu des corps à corps violents avec usage de gourdins et de machettes. Les forces de l’ordre sont intervenues pour séparer les combattants mais ont échoué.
Jeudi 6 décembre au matin, les militants Frères musulmans occupent les abords de la présidence, dans le quartier résidentiel d'Héliopolis, dont ils ont violement chassé mercredi des manifestants anti-Morsi. L’opposition rapporte des cas de torture –un manifestant a été pendu par les pieds à un lampadaire devant le palais de la présidence, un autre déshabillé en public. De nombreuses personnes sont portées disparues, dont plusieurs jeunes filles.
Un responsable de la présidence a indiqué que le président annoncera ce jeudi aux Egyptiens «des nouvelles qui leur feront plaisir». La veille, et au moment où les militants Frères musulmans agressaient les manifestants devant la présidence, le vice président a appelé l’opposition à l’ouverture d’un dialogue.
Le Front du salut national, rassemblant l’opposition, a répondu oui au dialogue mais à condition d’abroger préalablement le décret donnant des super pouvoirs au président et de reporter le référendum sur le projet de Constitution. Mais pour les jeunes militants de l’opposition, ceux dont les amis ont été blessés ou tués, pas question de dialoguer. Pour eux, ce mercredi 5 décembre restera une journée qui marquera le début de la dictature ou le début de la révolution.
Avec notre envoyé spécial au Caire
La garde présidentielle s’est déployée aux abords du palais officiel où les affrontements se poursuivaient ce jeudi 6 décembre au matin. Et cela, malgré l’appel des Frères musulmans à un retrait de toutes les parties en présence. Appel qui n’a pas été suivi par l’opposition, ce qui est logique, mais qui n’a pas été respecté non plus par les partisans de Mohamed Morsi, et donc par ceux des Frères musulmans.
Le président égyptien fait face désormais à une situation explosive. Jamais, depuis le début de cette crise, on n’avait atteint un tel niveau de violence. Mohamed Morsi pourrait s’exprimer ce jeudi. Mercredi, c’est le vice-président qui a fait mine de tendre la main vers l’opposition, en affirmant qu’un compromis pouvait être trouvé sur le projet de Constitution.
La réaction de l’opposition a été immédiate. Elle continue d’exiger, en préalable à toute négociation, l’abrogation du décret constitutionnel et le report du référendum, dont la date reste fixée aujourd’hui au 15 décembre.