Avec notre envoyée spéciale à Tripoli, Véronique Gaymard
Ali est chauffeur de taxi. Il habite dans un immeuble juste à la frontière entre les quartiers alaouites de Jabal Mohsen et sunnite de Bab el Tabbaneh, où les combats sont récurrents. Selon lui, la trêve, décrétée jeudi après quatre jours de tirs qui ont fait une dizaine de morts, peut vite voler en éclat :
« Pour l’instant la situation est calme, mais c’est très précaire et très instable. On ne sait pas à quel moment ça peut reprendre. S’il y a des tirs, ce qui m’inquiète le plus c’est comment arriver jusque chez moi ».
Celui qu’on surnomme le « prince Mohammed » nous rejoint sur la corniche face à la mer. Depuis quelques temps, il s’est laissé pousser la barbe, pour passer inaperçu. C’est un combattant alaouite. Selon lui, il ne fait que se défendre face aux attaques sunnites du quartier de Bab el-Tabbaneh qui encercle son Jabal Mohsen.
Il le confirme, la trêve est fragile : « Non, non, ça ne va pas durer, ce n’est que le repos du guerrier. On ne prendra jamais l’initiative de tirer en premier. Nous ne faisons que riposter aux tirs pour nous défendre et nous protéger. Maintenant tout dépendra de la réaction de l’armée. Si on voit que l’armée n’arrive pas à nous protéger, à ce moment-là nous serons prêts à nous défendre. On a des armes légères, les plus grosses ce sont des kalashnikovs ».
Mohammed reconnaît que son quartier prête allégeance au régime syrien. Il se dit être inquiet pour l’ensemble de la Syrie. Mais selon lui, ce n’est pas une raison pour que la minorité alaouite soit attaquée. La seule issue à ce conflit serait pour lui un changement de l’ensemble du gouvernement libanais.
Pour Khaldoun el-Charif, conseiller de Nagib Mikati, le Premier ministre, le dialogue est à engager avec le Hezbollah et les autres.