Avec notre envoyée spéciale à Beyrouth, Véronique Gaymard
Les jeunes qui se sont rassemblés sur la place Sassine à quelques mètres de l’endroit où s’est produit l’attentat entendent mobiliser les citoyens jusqu’à la démission du gouvernement de Najib Mikati. Hier soir, on pouvait entendre des slogans comme « Mikati dégage », ou encore « on veut la sécurité maintenant ». Selon eux, le gouvernement a failli sur le plan sécuritaire, mais aussi économique et social.
Mais la mobilisation n’était pas au rendez-vous, quelque 300 jeunes seulement brandissaient des drapeaux libanais, et se sont dirigés vers le centre ville. Ce que regrette Nadia, une habitante du quartier d’Ashrafieh. Elle était descendue avec son fils de 9 ans pour écouter les discours.
Lorsqu’on parle avec les gens, la plupart disent être fatigués de la violence, ils aspirent à vivre en paix, ils critiquent tous les partis politiques, et la polarisation qui s’est encore accrue sur fond de crise syrienne.
Le fossé s’est en effet encore creusé entre d’un côté le Mouvement du 14 mars, proche de l’ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri et de son fils Saad qui en a repris le flambeau, et de l’autre, le Mouvement du 8 mars qui tient les rênes du gouvernement actuel avec une grande partie de députés issus du Hezbollah chiite et partisan du régime syrien. Ce sont ces derniers qui sont pointés du doigt comme étant la cause de ces violences. Mais il faut garder en tête les prochaines élections législatives de mai 2013 pour lesquelles chaque bloc tente de se placer.
C’est cette lutte de pouvoirs dont la population est lassée, car elle a l’impression d’être laissée-pour-compte. Comme les centaines de familles dont l’appartement a été soufflé par l’attentat de vendredi dernier, certaines sont relogées dans les hôtels alentours aux frais du gouvernement pour une semaine, mais à partir de vendredi, alors que commence la fête de l’Aïd al-Adha, elles n’ont nulle part où aller.