Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
La situation se dégrade dangereusement sur le terrain. A Beyrouth, des hommes armés et cagoulés, partisans du chef de l’opposition, l’ancien Premier ministre Saad Hariri, se sont déployés dans des quartiers sunnites. Ils ont érigé des barrages, bloqué des routes à l’aide de pneus enflammés, de bennes à ordures et de blocs de béton.
Leur objectif est clair, transformer la capitale en ville fantôme, pour intensifier les pressions sur le Premier ministre Najib Mikati afin de le pousser à démissionner.
Les miliciens ont la gachette facile. Certains sont postés sur les toits et tirent à tout hasard sur les voitures, pour paralyser la circulation. D’autres n’hésitent pas à diriger leurs armes vers l’armée libanaise.
A Tripoli, dans le nord du pays, des miliciens armés de mitraillettes et de lance-roquettes sillonnent les rues, dans des voitures sans plaque d’immatriculation ou sur des motocyclettes.
Des accrochages se produisent sporadiquement, entre les quartiers sunnites et alaouites de la deuxième ville du Liban. Des obus de mortier se sont abattus sur certains quartiers, et les snipers sont très actifs.
L’armée a bloqué l’accès à la route principale qui mène à la frontière avec la Syrie. C’est un schéma de guerre civile que les Libanais connaissent bien, pour l’avoir vécu pendant quinze ans.
Les autorités ont réagi sur un double plan politique et militaire. Le président de la République, Michel Sleiman, a reçu les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité, accompagnés du représentant spécial de Ban Ki-moon.
Les diplomates ont lu devant la presse un communiqué insistant sur l’importance de la continuité des institutions et des actions du gouvernement.
Fort de ce soutien renouvelé de la communauté internationale, le gouvernement a demandé à l’armée d’intervenir. Celle-ci a dans un communiqué annonçé sa détermination à rétablir le calme et à protéger la paix civile.
Des unités ont commencé à se déployer, et des accrochages ont eu lieu dans la région de Kaskas, à la lisière est de Beyrouth. Ce secteur est habité par des Libanais sunnites, mais aussi par des Palestiniens et des Syriens. Des échanges de tirs ont fait plusieurs blessés dans les rangs des miliciens. L’opération est actuellement en cours.