Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La bataille de la place Tahrir marque un point de rupture. Depuis leur victoire aux législatives et à la présidentielle, les Frères musulmans avaient décidé de tirer un trait sur la révolution pour se consacrer au pouvoir.
Libéraux et forces de gauche avaient annoncé, depuis deux semaines, leur intention de manifester ce vendredi contre cette mainmise croissante sur l’Etat.
Ce jeudi soir, les Frères musulmans ont annoncé qu’ils allaient manifester en prétextant du non-lieu prononcé par la cour d’assises à l’égard de symboles de l’ancien régime.
Dès leur arrivée sur la place Tahrir, les militants de la confrérie ont détruit le podium d’où la gauche critiquait le président Morsi. Ils ont ensuite chassé les mouvements non-islamistes de la place à coup de pierres et de gourdins.
Les mouvements libéraux ont alors mobilisé des renforts pour reprendre d’assaut la place. A la tombée de la nuit, les Frères musulmans ont sonné la retraite des troupes.
Mais le mal était fait puisque des dizaines de millions d’Egyptiens avaient vu ceux qui avaient renversé Moubarak s’entre-déchirer sur la place même de la révolution.