Syrie : statu quo sur tous les fronts

La Russie ne semble pas prête à transiger sur le dossier syrien. C'est ce qui ressort d'une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, et la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton à Vladivostok, où se tient ce samedi 8 septembre le sommet annuel du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec). A Chypre, où les ministres européens des Affaires étrangères se sont réunis durant deux jours, un « consensus » s'est dégagé « sur l'augmentation des sanctions contre la Syrie », la Belgique invoquant même le « devoir d'ingérence ».

Avec notre correspondante à Moscou, Veronika Dorman

Plus d'un an et demain après le début de la révolte en Syrie, le statu quo diplomatique est total. Le bras de fer entre Moscou et Washington continue. La Russie est déterminée à faire approuver par le Conseil de sécurité de l’ONU l’accord de Genève sur les principes d’une transition en Syrie.

Ce texte adopté après l’échec du plan Annan, n’exige pas le départ du président Bachar el-Assad et ne prévoit pas de sanctions. Une telle résolution est inacceptable pour les Etats-Unis, qui souhaitent envoyer un message fort au régime face à l’escalade de la violence à l’intérieur du pays.

Pour le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, les sanctions ne servent à rien. D’ailleurs, elles nuisent aux intérêts économiques russes. Pour son homologue américaine Hillary Clinton, les résolutions de l’ONU ne peuvent être efficaces que si leur non-respect entraîne des conséquences réelles.

Depuis le début du conflit, la Russie s’oppose systématiquement à toute ingérence militaire et économique en Syrie. Et pour l’heure, rien n’indique un changement de cap. Au contraire. Le président Vladimir Poutine a déclaré jeudi que c’est aux pays occidentaux et à leurs alliés arabes de modifier leur approche de la crise. Et de considérer les révoltés pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des terroristes.

Le consensus européen

A Chypre, les ministres européens des Affaires étrangères se sont prononcés pour un renforcement des sanctions européennes contre le régime syrien. La chef de la diplomatie de l'Union europénne, Catherine Ashton, devrait étudier de nouvelles mesures à prendre, avec l'aide des Etats membres. La situation humanitaire a été largement abordée ; le ministre belge des Affaires étrangères a évoqué le devoir d'ingérence, en accord avec les pays de la région et de la nécessité d'agir pour « ne pas laisser s'installer cette guerre civile », a-t-il ajouté. Il a suggéré que des observateurs internationaux puissent sécuriser des hôpitaux.

Violences interminables à Damas et Alep

Pendant ce temps, en Syrie, les combats font rage et les civils en payent le prix fort. Selon l'OSDH, les violences ont encore fait 136 morts ce vendredi. A Alep, où l'armée a repoussé une attaque de groupes rebelles contre une caserne, il y aurait beaucoup de victimes. A Damas, au lendemain de deux attentats, les forces de sécurité continuent de pilonner les quartiers sud et tentent de reprendre le contrôle de ces zones.

Plus au nord, dans la ville de Homs, les combats sont quasi quotidiens depuis plus de trois mois. L'armée tente de déloger les membres de l’Armée syrienne libre de plusieurs quartiers. Joint ce vendredi matin par Skype, le militant Abu Rami, membre de la Commission générale pour la révolution syrienne, se trouve dans un quartier assiégé de Homs, des tirs que l'on entend au cours de la conversation. Le jeune homme explique les raisons de son engagement.

 

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