Armes chimiques contre les agresseurs étrangers: l'Occident s'indigne des menaces de Damas

En cas d'agression étrangère, le régime syrien promet d'utiliser des armes chimiques contre ceux qui l'attaqueront. Cette déclaration, datée du lundi 23 juillet, provoque de fortes réactions dans le monde occidental. Ce mardi, les rebelles syriens accusent le régime d'avoir commencé à transférer de telles armes vers des aéroports à la frontière, sans plus de précisions. Dans les deux grandes villes du pays, Alep et Damas, les positions et les quartiers ne cessent de changer de mains.

Avec notre correspondante à Beyrouth, Perrine Mouterde

Comme le rapporte l'Agence France-Presse, les rebelles syriens accusent le régime du président Bachar al-Assad d'avoir transféré des armes chimiques vers des aéroports à la frontière, au lendemain de la menace proférée par Damas d'utiliser ces armes en cas d'agression extérieure.

« Nous, au sein du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre (ASL) à  l'intérieur, savons parfaitement l'endroit où se trouvent ces armes et leur positionnement », a indiqué le mouvement rebelle dans un communiqué ce mardi.

La veille, le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi, a reconnu, lors d'une conférence de presse à Damas, posséder des armes chimiques. Damas menace de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa propre population.

Cette déclaration a immédiatement suscité des mises en garde internationales. Les réactions ne se sont pas fait attendre. Les diplomaties britannique et allemande parlent de menace « inacceptable » et « monstrueuse », tandis que Barack Obama parle d'une « erreur tragique ».

Abdel Basset Sayda, le président du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition syrienne, a pour sa part estimé qu'un « régime qui massacre les enfants, qui viole les femmes peut aussi bien utiliser des armes chimiques ».

Israël, enfin, a prévenu qu'il ferait tout pour empêcher un transfert d'armes chimiques, de missiles et de systèmes de défense anti-aérienne de Syrie au Hezbollah libanais, fidèle allié de Damas.

Guerre de communication

Sur le terrain, au fil des combats quotidiens, il est difficile d'affirmer qui contrôle tel ou tel territoire, telle ou telle zone, des deux grandes villes syriennes que sont Alep et Damas.

A Alep, de violents combats ont encore opposé ce lundi les insurgés aux forces gouvernementales. Un porte-parole de l'armée syrienne libre (ASL) affirme que les rebelles contrôlent plusieurs parties de la ville. Une vidéo postée sur internet montre notamment l'Armée libre détruisant un char des forces du régime.

A Damas, au contraire, c'est le pouvoir qui assure avoir repris le contrôle de la ville. Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que la situation s'était nettement améliorée et que tout serait revenu à la normale d'ici deux jours au maximum. L'armée dit avoir nettoyé par exemple les vergers qui jouxtent le quartier de Mazzé où se seraient réfugiés des insurgés. Mais certains militants assurent que la bataille n'est pas terminée. Ils signalent toujours des combats dans certaines zones de Damas.

Surtout, ils affirment que l'ASL est toujours présente dans la capitale, et qu'elle va poursuivre sa stratégie de harcèlement. En tout cas, la bataille de la communication est bel et bien toujours en cours dans ces deux villes.

Violations du territoire libanais

Au Liban, où le conflit a déjà débordé, le chef de l'Etat a convoqué l'ambassadeur syrien, auquel il a remis une lettre de protestation en bonne et due forme. Une prise de position indédite depuis le début du conflit syrien. Il dénonce les incursions répétées de l’armée syrienne au Nord-Liban, la chute d’obus, le rapt et l’interrogatoire de citoyens libanais.

Si ces incidents se sont répétés à de multiples reprises, le président Michel Sleimane n’avait jusqu’ici jamais protesté officiellement, tout simplement parce que le Liban est très divisé à l’égard de ce qui se passe dans le pays voisin. Les alaouites et le parti chiite Hezbollah s’affichent comme les alliés de Damas, alors que les sunnites notamment soutiennent l’opposition syrienne.

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