Avec nos correspondants à Beyrouth, Moscou et Istanbul,
« Nous allons vers la victoire », affirment les généraux rebelles de l'ASL. Sur le terrain, la situation est pourtant moins évidente.
Très tôt ce matin, selon les militants, des explosions ont de nouveau été entendues à Midane, suivies d’affrontements. Des tanks sont déjà déployés dans ce quartier et les forces gouvernementales encercleraient l’une des mosquées. C’est souvent depuis les mosquées de ce quartier que les manifestations de l’opposition ont démarré.
Mardi, une source militaire a affirmé que l’armée a demandé aux habitants de quitter les lieux, avant un assaut imminent. L’opposition redoute donc une attaque d’ampleur sur Midane. Un quartier très peuplé, situé près du centre historique.
Depuis des mois, le régime a prouvé qu’il ne voulait perdre le contrôle d’aucune région du pays. Même chose, donc, pour la capitale : pas question de desserrer l’étau. Le pouvoir fait usage de chars, d’artillerie et des snipers sont déployés dans les immeubles. Hier, des hélicoptères sont même entrés en action. Ils ont encore ouvert le feu cette nuit sur le quartier de Qaboun. Des militants ont affirmé avoir abattu l’un de ces appareils.
Le pouvoir a également appelé des troupes en renfort. Des convois de véhicules militaires sont entrés dans Damas. Selon les renseignements israéliens, des soldats positionnés sur le plateau du Golan ont notamment été redéployés dans la capitale.
Il est difficile d'établir un bilan mais l'armée recense 33 morts chez les rebelles et 145 autres arrêtés à Qaboun. Les militaires disent maîtriser la situation.
En outre, un nouveau général et plusieurs officiers ont fait défection à l'armée syrienne régulière.
Kofi Annan ne convainc pas les Russes
Sur le plan diplomatique, c’est un maigre bilan pour Kofi Annan en déplacement à Moscou. A la veille de la présentation par les Occidentaux d’un nouveau projet de résolution sur la Syrie - un texte que la Russie menace à nouveau de bloquer - l’émissaire de l’ONU s’est justement rendu à Moscou. Une visite de 48h au cours de laquelle il s’est entretenu avec le président Vladimir Poutine et le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Tous deux lui ont réservé bon accueil sans véritablement s’engager sur le fond.
Lorsqu’il s’agit de défendre le plan Annan, Vladimir Poutine est tout miel. « Nous allons tout faire pour soutenir vos efforts, nous les soutenons depuis le tout début, depuis les premières mesures », insiste le président russe.
Pas un mot en revanche des négociations sur le nouveau projet de résolution porté par les Occidentaux au Conseil de sécurité de l’ONU. C’est Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères, qui s’est chargé de ce point, avec des déclarations difficiles à interpréter. Hier, lundi, il accusait les Occidentaux d’exercer un chantage sur la Russie à l’ONU, aujourd’hui, il s’est montré plus conciliant. « Je ne vois pas de raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas aussi être d'accord avec les Occidentaux. Nous y sommes prêts », affirme-t-il
La presse moscovite, elle, ne se fait guère d’illusions : les amabilités diplomatiques ne sauraient écarter le risque de veto. Le très sérieux quotidien d’affaires Vedomosti analyse la situation avec une acidité qu’on ne lui connaît guère : « Pour reprendre le style dans lequel s’exprime Poutine, en fait de résolution, les Occidentaux n’obtiendront que dalle. »