Des images de scènes de guerre circulent sur internet. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime que la Syrie était désormais en situation de guerre civile.
Les insurgés syriens ont annoncé le lancement d'une opération qu'ils veulent « de grande envergure », avec pour objectif de mettre le pays « dans un état de complète et totale désobéissance civile ».
Pour ce faire, annoncent-ils dans un communiqué, les appels à la défection vont se multiplier, les grands axes seront coupés afin de paralyser l'armée du régime (la route de l’aéroport de Damas a été bloquée ce lundi pendant une heure), et tous les postes de contrôle de sécurité seront sytématiquement attaqués.
L'opération, la première du genre depuis près d'un an et demi, est baptisée « le volcan de Damas et les séismes de Syrie ». Le communiqué est signé du commandement conjoint Homs-Armée syrienne libre.
Damas, place forte du régime
Lundi 16 juillet, la révolte a connu pour la première fois de violents combats entre l'armée et les rebelles à Damas, y compris dans des quartiers proches du centre-ville, côtés sud et est. L'armée y a déployé des blindés et des troupes. Des hélicoptères survolent la capitale et seraient entrés en action. Des tirs d'armes automatiques ont par ailleurs été entendus sur la place où se trouve la Banque centrale, et dans la rue de Bagdad, une des grandes artères qui y mène. La capitale syrienne reste à la fois le symbole du pouvoir du président el-Assad, et sa place forte.
Pourtant, sur le terrain, l’équilibre des forces est évidemment toujours en faveur du régime. Par le nombre d’hommes, par l’organisation et par l’équipement. Les forces gouvernementales disposent de tanks, d'hélicoptères de combats, d'armes lourdes.
L’Armée syrienne libre ne peut donc pas l’emporter d’un point de vue strictement militaire. Le meilleur exemple est peut-être celui du quartier de Baba Amr à Homs, où l’on a constaté que les forces loyalistes étaient prêtes à aller jusqu’au bout pour reprendre le contrôle. Les rebelles ont été obligés de capituler après des semaines de résistance.
Mais les insurgés peuvent certainement multiplier les attaques contre les forces de sécurité, les combats sont d’ailleurs quotidiens. Seize mois après le début de la contestation, malgré une répression intense, les rebelles occupent toujours le terrain. Ils tentent même de prendre l’initiative avec cette offensive.
Beaucoup de combattants se seraient donc regroupés à Damas, notamment des insurgés qui se battaient jusqu’ici dans les banlieues. Leur stratégie est bien d’amener les affrontements au cœur de la capitale. Lundi soir, ils affirmaient contrôler les quartiers de Midane et Tadamoune, alors que Damas est supposée être la ville la plus verrouillée par le régime.
Armes chimiques
Ces combats font rage alors que le front diplomatique est toujours paralysé. La Russie fait barrage aux nombreuses tentatives pour condamner le président syrien et le pousser vers la sortie. La question sera abordée encore une fois ce mardi à Moscou, où l'émissaire spécial de l'ONU, Kofi Annan, sera reçu par le président Vladimir Poutine.
Existe-il un risque de voir les autorités syriennes employer des armes chimiques ? Ce risque est bien réel, selon Nawaf Farès, l'ancien ambassadeur en Irak qui a fait défection le 11 juillet dernier. Bachar al-Assad est prêt « à éradiquer le peuple syrien tout entier » pour rester au pouvoir, a confié le diplomate à la BBC.
« Je suis persuadé que si le régime d'Assad était attaqué par le peuple [...], il utiliserait de telles armes », a-t-il avancé. La Syrie dispose effectivement d'un grand stock d'armes chimiques, un arsenal qui n'est pas sans inquiéter ses proches voisins notamment.