Cela fait plusieurs semaines que Kofi Annan multiplie les contacts pour tenter de réunir tous les pays ayant une influence sur le conflit en Syrie. Devant le Conseil de sécurité, début juin, le médiateur international avait plaidé pour la mise sur pied d’un groupe de contact élargi, estimant que seule une communauté internationale unie pouvait faire avancer son plan de paix en six points jusqu’ici inappliqué.
Un groupe, rebaptisé « groupe d’action », dans lequel Kofi Annan aurait voulu voir figurer l’Iran, proche allié de Damas et acteur clé dans la région. Ce que souhaitaient aussi la Chine et la Russie. Mais d’autres pays y sont hostiles, dont les Etats-Unis et la France, comme l’a rappelé, ce mercredi 27 juin, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius : « Nous ne voulons pas - les négociations sur la Syrie étant déjà difficiles - qu'on rajoute comme le souheterait l'Iran, dans la discussion, le problème du nucléaire iranien. Quand un problème est difficile, ce n'est pas en y ajoutant un autre problème très difficile qu'on avance dans la solution. »
Kofi Annan a également invité le Qatar, très influent auprès de l’opposition syrienne, ainsi que le Koweït, la Turquie, l’Irak, l’Union européenne, de même que les secrétaires généraux de l’ONU et de la Ligue arabe. Et si l’Iran ne sera donc pas représenté, le médiateur international a indiqué qu’il lui rendra compte des travaux de ce samedi, afin que Téhéran reste impliquée dans la recherche d’une solution en Syrie.
Rapport à l'ONU
Car l'escalade de la violence au cours des trois derniers mois et la militarisation croissante du conflit font craindre un embrasement du pays. La situation en Syrie ressemble à un conflit armé interne, c'est ce que fait apparaître le rapport de la commission d'enquête internationale présenté ce mercredi devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, à Genève.
Dans ce document d'une vingtaine de pages, les experts font une large part aux massacres de Houla qui ont fait plus de 100 morts fin mai. Ils manifestent aussi leurs inquiétudes concernant les actes de torture, les exécutions sommaires, les détentions arbitraires, les violences sexuelles commises par les forces du gouvernement et leurs milices ainsi qu’une augmentation des violences confessionnelles.
Le rapport couvre la période de février à juin 2012. Les experts se sont entretenus par téléphone ou via Skype avec des réfugiés, des acteurs du gouvernement et de l'opposition. Ils mettent en évidence les violences commises par les forces gouvernementales, leurs milices (les shabihas) et par les différents groupes armés de l'opposition.
Violations massives
Ils recensent aussi des incidents où les victimes ont été ciblées en raison de leur appartenance religieuse, même si ces violations sont plus difficiles à démontrer, comme l'explique Paulo Sergio Pinheiro, le président de la commission d'enquête.
Donatella Rovera, conseillère sur les conflits pour Amnesty International rentre tout juste de Syrie, elle est restée deux mois dans le nord du pays.
D’après Donatella Rovera, si la communauté internationale ne prend aucune mesure, la situation peut vite dégénérer en guerre civile. C'est aussi ce que craint la commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme dont le président Paulo Sergio Pinheiro n'a pu se rendre à Damas que cette semaine, pour une durée de deux jours.