Depuis le début de la révolte syrienne en février 2011, « les forces gouvernementales ont régulièrement utilisé une force excessive, y compris meurtrière contre des manifestants pacifiques et d’autres protestataires », accuse le rapport.
La dissidence est constamment réprimée. Les opposants politiques au régime de Bachar el-Assad, journalistes, militants des droits de l’homme, sont particulièrement visés. Lorsqu’ils ne sont pas battus ou tués lors de manifestations, ils sont arrêtés et torturés.
Sur les milliers d’arrestations qui ont eu lieu en 2011, « au moins 200 personnes seraient mortes en détention dans des circonstances peu claires », affirme Amnesty. Et visiblement elles ont subi des tortures.
Le rapport cite le cas de Tarek Ziad Abd al-Qadr, dont le corps a été rendu à sa famille en juin 2011 à Homs, deux mois après son arrestation. Il portait « des marques sur le cou et le pénis, causées selon toute apparence par des décharges électriques, d’autres traces de brûlures sur le corps, des marques de coups de fouet ainsi que de coups de couteau ». Et l’impunité est totale. « Seuls deux cas de morts en détention présumée ont fait l’objet d’enquêtes, insuffisantes », écrit Amnesty.
Personne n’échappe à la répression, pas même les enfants
Les opposants au régime ne sont pas les seuls touchés. Personne n’échappe à la répression, selon l’organisation. Pas même les enfants. Amnesty cite le cas de Muhammad al-Mulaa Esa, 14 ans, originaire de Deir Ezzor, abattu par les forces de sécurité parce qu'il refusait de participer à une manifestation pro-régime avec ses camarades de classe.
Les personnes enterrant leurs proches ne sont pas épargnées. A Jisr el-Choughour, le 4 juin 2011, des tireurs embusqués appartenant aux forces de sécurité auraient tué 25 personnes qui assistaient à des funérailles.
Amnesty prend aussi l’exemple des parents de Malek Jandali, un pianiste syrien résident aux Etats-Unis et qui avait manifesté en juillet 2011 contre le régime. Quelques jours plus tard, ses parents ont été brutalisés à leur domicile à Homs.
Enfin le rapport affirme que plusieurs membres du personnel médical auraient été tués parce qu’ils avaient soigné des manifestants.
Réformes insuffisantes
Par ailleurs, Amnesty souligne l’insuffisance des réformes entreprises par Bachar el-Assad, comme par exemple la loi relative aux rassemblements pacifiques car seules les manifestations « autorisées en bonne et due forme » sont considérées comme légales. Les amnesties de prisonniers seraient aussi insuffisantes.
Pour le secrétaire général d’Amnesty Salil Shetty, la Syrie « doit être déférée à la Cour pénale internationale afin qu’elle ouvre une enquête pour crimes contre l’humanité ». Les accusations de crimes contre l’humanité ne sont pas nouvelles. Depuis 2011, la France accuse régulièrement Damas. Le 12 avril dernier, Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères disait « disposer d’un certain nombre d’éléments (…) qui permettraient, le cas échéant, notamment à l’ONU, de saisir la justice internationale, parce qu’il y a eu des crimes contre l’humanité qui ont été commis à l’évidence ».
L'ONU, elle aussi, a affirmé en février disposer d'une liste de hauts responsables soupçonnés de « crimes contre l'humanité » en Syrie. Mais Salil Shetty reconnaît qu’il y a blocage. « La détermination de certains membres du Conseil de sécurité à protéger la Syrie à tout prix permet à celle-ci de ne pas rendre de compte pour ces crimes ».