L’ONU s’était toujours refusée à parler de « guerre civile » en Syrie. Mais devant l’escalade de ces derniers jours, Hervé Ladsous, le chef des casques bleus, a finalement lâché le mot, précisant que le gouvernement syrien a perdu le contrôle de larges portions de son territoire et de plusieurs villes. Les violences, a-t-il dit, ont changé d’ampleur, avec l’usage non seulement de tanks et d’artillerie, mais aussi désormais d’hélicoptères de combats.
Ces déclarations auront sans doute des conséquences sur le renouvellement de la mission d’observation de l’ONU dont le mandat expire en juillet. Les Etats-Unis déjà ont dit leurs fortes réticences à prolonger ces observateurs non armés censés surveiller l’application d’un cessez-le-feu qui n’a jamais existé.
Ce mardi 12 juin, les bérets bleus de l’ONU ont tenté de se rendre dans la ville de Haffé, pilonnée par l’armée syrienne. Ils ont dû faire demi-tour après avoir été pris pour cible par une foule en colère. L’un des véhicules a été touché d’une vingtaine de balles. Un observateur a été atteint au pied sans gravité.
« Une politique de massacres planifiés »
Jusqu'ici, dans la province de Lattaquié, les différentes confessions sunnites, chiites et alaouites, cohabitaient pourtant, comme l'explique Koteiba Al-Maafane, un habitant : «Haffé est une région montagneuse qui dépend de la province de Lattaquié, au nord-ouest de la Syrie, près de la frontière turque. La région n'est pas connue pour ses frictions confessionnelles mais le régime met en oeuvre une politique de massacres planifiés et sectaires. Depuis sept jours, l'armée bombarde d'une manière continue et cible particulièrement la région appelée ' montagnes kurdes ' avec des fusées et des tanks. »
Mais depuis quelques semaines, la tension monte. Les rebelles accusent le régime d'armer les poches loyalistes et d'y recruter les terribles « chabihas », les milices pro-régime soupçonnées de nombreux massacres.