Nouvelles manifestations en Egypte à dix jours de l’élection présidentielle

De nouvelles manifestations sont prévues ce mercredi 6 juin 2012 au Caire et à Alexandrie, pour marquer le deuxième anniversaire de la mort de Khaled Saïd, un jeune Egyptien battu à mort le 6 juin 2010 et devenu une icône de la révolution. Mardi 5 juin, des milliers de personnes ont manifesté sur la place Tahrir pour protester contre le verdict jugé trop clément dans le procès de l'ex-raïs et de six hauts responsables de son gouvernement, et pour contester la qualification d’Ahmed Chafik, ancien du régime Moubarak, au second tour de l’élection présidentielle qui doit se tenir les 16 et 17 juin.

Quelques dizaines de personnes se trouvaient toujours mercredi matin, 6 juin, sur la place Tahrir, au Caire, au lendemain d'une grande manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers d’Egyptiens.

Les appels à manifester avaient été lancés par les mouvements de jeunes qui ont initié la révolte contre le régime de Hosni Moubarak, début 2011. Ils ont été rejoints par les Frères musulmans, arrivés par cars entiers de différents gouvernorats sur la place Tahrir, et plusieurs candidats éliminés au premier tour de l'élection présidentielle qui s’est tenue les 23 et 24 mai.

Le jugement dans le procès Moubarak rendu le 2 juin a catalysé la colère. L’ancien président égyptien ainsi que son ex-ministre de l'Intérieur, Habib al-Adli, ont été condamnés à la perpétuité, alors que la peine de mort avait été requise à leur encontre.

Par ailleurs, six responsables de la sécurité ont été acquittés. Eux aussi étaient poursuivis pour la mort de huit cent cinquante personnes pendant la révolution de janvier et février 2011. Enfin, les charges pour corruption pesant sur Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, n'ont pas été retenues.

Ces verdicts qui ne désignent aucun coupable direct dans la mort de ces manifestants ont provoqué la colère, et de nombreux rassemblements à travers le pays, dès le verdict connu. « Le principal objectif de la manifestation de mardi était de demander un nouveau procès », explique Salma Nagui, militante et membre du bureau politique de l’Egypt Freedom Party, jointe au téléphone par RFI. « Un autre objectif était de demander l’application de la loi qui disqualifierait Ahmed Chafik ».

Décision le 14 juin sur la candidature d’Ahmed Chafik

Ahmed Chafik, l’un des deux candidats qualifiés pour le second tour de l’élection présidentielle avec Mohamed Morsi, candidat des Frères musulmans, n’aurait pas dû se présenter au premier tour, en vertu d’une loi prévoyant que les anciens membres du régime Moubarak (Ahmed Chafik a été son dernier Premier ministre) soient privés de leurs droits civiques pendant dix ans.

Ahmed Chafik, un temps disqualifié, avait fait appel et avait gagné le droit de se présenter, arguant de l’anti-constitutionnalité de la loi. L’affaire est devant la Haute Cour constitutionnelle qui doit se prononcer le 14 juin, soit deux jours seulement avant le second tour du scrutin présidentiel.

Durant la manifestation de mardi, deux candidats déçus du premier tour, le représentant de la gauche nassérienne Hamdeen Sabbahi et l’islamiste dissident Abdel Moneim Aboul Fotouh, ont réclamé la suspension du processus électoral. Ils demandent par ailleurs la création d’un Conseil présidentiel, incluant plusieurs figures de la révolution, afin de remplacer l’actuel Conseil suprême des forces armées, à la tête du pays depuis la chute de Hosni Moubarak le 11 février 2011, et qui a promis de rendre le pouvoir aux civils le 1er juillet prochain.

Les Frères musulmans ont participé à la manifestation de mardi pour « défendre la révolution », selon leurs dires, mais rejettent l’idée de ce conseil présidentiel qu’ils considèrent comme contraire à la Constitution. Ils sont encore moins d’accord avec les manifestants qui réclament l’annulation pure et simple de l’élection, et pour cause. Les Frères musulmans ont leur candidat, Mohamed Morsi, qualifié pour le second tour.

Partager :