Morsi-Chafiq, ce sera donc le tableau de la finale présidentielle en Egypte, le premier scrutin de ce type à s'être déroulé dans des conditions à peu près démocratiques dans le plus grand pays du monde arabe.
Mohammed Morsi et Ahmad Chafiq ont obtenu chacun environ 25% des suffrages exprimés. Des résultats contestés par l'un des candidats du premier tour, l'islamiste dissident Aboul Fotouh, qui parle d'élections malhonnêtes.
Ce face à face entre le candidat des Frères musulmans et l'un des derniers représentants du régime Moubarak risque de décevoir beaucoup d'Egyptiens, qui auront du mal à choisir entre l'instauration d'un régime politico-religieux et ce que beaucoup perçoivent comme la continuation du système militaro-laïc façon Moubarak. D'où un fort risque d'abstention les 16 et 17 juin.
Les deux finalistes cherchent déjà à obtenir le ralliement des autres candidats, avec un succès mitigé pour l'instant. Les salafistes appellent, certes, logiquement à voter pour Morsi. Mais le troisième homme de ce premier tour, le nassérien Hamdeen Sabbahi, ne s'est pas prononcé. Ni non plus l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, même s'il s'est dit ouvert à des pourparlers. Quant à Aboul Fuotouh, il ne donne pas de consigne pour l'instant, mais rejette le vote pour un « fouloul » - le terme péjoratif désignant en Egypte l'ère Moubarak. Autrement dit, pas question d'appeler à voter pour Ahmad Chafiq.