Avec notre envoyée spéciale au Caire, Véronique Gaymard
Dans la cour de l’école Al Koba Al Fidawia, dans le quartier de Ghamra près d’Abbasseya, les électeurs rentrent par petits groupes pour ne pas engorger le bureau de vote. Ici dans le quartier, coptes et musulmans vivent côte à côte depuis longtemps.
Hicham Chamraoui est médecin, musulman, il opte pour le candidat qualifié d’islamiste modéré qui a misé sur les jeunes, il ne comprend pas la peur des coptes. « Je vote pour Aboul Fotouh, c’est un médecin, comme moi, je trouve qu’il a un bon programme, dit-il.
Ici les coptes ont peur que si un candidat islamiste gagne, il va imposer la charia, la loi islamique. Mais la charia ne s’appliquera qu’aux musulmans, pas aux chrétiens. Les chrétiens ont leurs propres lois religieuses. Les Egyptiens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, n’accepteront aucun des extrêmes. Si un extrémiste gagne, il perdra forcément au bout des quatre ans de son mandat. »
Rania, mère de deux enfants, est copte. Elle avoue qu’elle a peur qu’un islamiste remporte le scrutin. Et elle a fait son choix : « Le candidat idéal que j’ai choisi, selon mes propres convictions, c’est qu’il doit rétablir la sécurité de façon urgente, et remettre l’économie sur pieds. L’Egypte doit recouvrer son rang, mais cette fois, le futur président devra composer avec nous, selon nos conditions, et plus uniquement selon son bon vouloir. Je vote pour un candidat qui était membre de l’école militaire et, grâce à son expérience, il va rapidement rétablir l’équilibre et la stabilité dans le pays. »
Beaucoup de coptes comme Rania ont choisi comme elle l’ancien Premier ministre de Moubarak, Ahmed Shafiq, d’autres lui préfèrent Amr Moussa ou encore le nassérien socialiste Hamdeen Sabahi. Selon le ministère de l’Intérieur, les résultats seront publiés le 29 mai.