La Syrie est en proie à une escalade de violence, attisée par la présence d’une première équipe d’observateurs de l’Organisation des Nations unies. Pour contrer l’accueil hostile de Damas, l’ONU souhaite agir vite. Kofi Annan a sollicité, mardi, l’envoi « rapide » de 300 casques bleus supplémentaires. « Le déploiement de la mission de supervision de l’ONU en Syrie est crucial », a déclaré le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe, « nous avons besoin d’avoir des yeux et des oreilles sur le terrain, capables de se mouvoir librement et rapidement ».
Le ministre français des Affaires étrangères a fait part de ses doutes mercredi après-midi. Le plan de Kofi Annan est « fortement compromis », reconnaît Alain Juppé. Il appelle au déploiement des observateurs « sous quinzaine et pas dans trois mois ».
Le cessez-le-feu violé par le gouvernement
Depuis lundi, la Syrie subit des journées très meurtrières. Le Conseil national syrien (CNS), principale force d’opposition, accuse les autorités « de se venger de la population en la massacrant après le départ des casques bleus ».
Face à cette flambée de violences, Hillary Clinton a exprimé son indignation. La secrétaire d’Etat américain s’est dite révoltée par le comportement du pouvoir, qui harcèlerait, voire tuerait les citoyens acceptant de coopérer - ne serait-ce que de discuter - avec les casques bleus. Les Etats-Unis affirment être prêts à mettre un terme au plan de paix si ces faits sont avérés.
Cette semaine, la première équipe d’observateurs (une quinzaine) est en quête de témoignages dans les villes bastions de la rébellion. Ils préparent aussi le terrain pour les nouveaux casques bleus attendus dans le pays – des observateurs non armés qui seront trente d’ici la fin de la semaine, 100 dans un mois selon Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations unies.
Damas fait barrage au groupe des « Amis de la Syrie »
Depuis le 16 avril, les observateurs sont chargés de surveiller la trêve introduite par le plan de sortie de crise de Kofi Annan. Ils ont aussi pour mission de veiller au retour de l’armée dans les casernes, à la libération des détenus politiques, ou encore à l’ouverture d’un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition.
Mais Damas n’a pas l’intention de leur faciliter la tâche. Selon l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, le gouvernement refuse d’accueillir les observateurs de pays membres du groupe des « Amis de la Syrie ». Ce groupe compte 83 Etats, dont la France, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Arabie Saoudite et le Qatar. Tous ces pays ont appelé au départ de Bachar el-Assad.