Avec notre correspondant à New York, Karim Lebhour
C’est sans illusion que les Européens et les Etats-Unis ont voté le renforcement de la mission d’observation en Syrie. Les premiers bérets bleus déjà sur place n’ont pu que constater que le cessez-le-feu n’est pour l’instant pas respecté.
La représentante américaine Susan Rice n’a pas caché ses doutes et a lancé un ultimatum au gouvernement syrien. « La patience des USA a atteint ses limites. Nous n’attendrons pas 90 jours pour prendre des mesures contre le gouvernement syrien s’il continue de violer ses engagements ou d’empêcher le travail des observateurs », a-t-elle prévenu.
Un commentaire immédiatement dénoncé comme étant contre-productif par le représentant de la Russie Vitaly Churkin : « En faisant ce genre de prédictions négatives on a l’impression que certains souhaitent un échec. Au lieu de menacer essayons plutôt de persévérer dans cette stratégie positive sur laquelle le Conseil s’est enfin accordé ».
Les 300 bérets bleus de l’ONU devront se déplacer sur tout le territoire syrien. Le secrétaire général Ban Ki-moon rendra compte tous les 15 jours de l’avancée ou non de leur mission devant le Conseil de sécurité.
Les premiers observateurs de l'ONU à Homs
Samedi, les quelques observateurs déjà sur place depuis le 15 avril ont été autorisés pour la première fois à se rendre à Homs, où ils ont rencontré le gouverneur et ont inspecté des quartiers de la ville, selon un porte-parole des Nations unies. Des militants de l'opposition syrienne vivant à Homs ont déclaré que les bombardements ont cessé uniquement pour montrer que le gouvernement respectait la trêve et qu'ils risquent de reprendre dès le départ des observateurs.
En tout cas, une vidéo postée sur internet les montre dans les rues jonchées de décombres, entourés par des opposants qui scandent « le peuple veut renverser le président ».
De son côté, l'agence officielle syrienne SANA annonce qu'un groupe « terroriste armé » a fait exploser un oléoduc dans l'est du pays, près de la frontière irakienne.
Par ailleurs, les troupes gouvernementales syriennes ont tué neuf déserteurs de l'armée dans la province d'Alep, selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme, qui fait état également de tirs et des explosions, entendus par des habitants de la ville de Karak, dans la province de Deraa, berceau de la révolution.