La réunion d’Istanbul est un petit évènement en soi. Après l’échec des dernières négociations en janvier 2011, l’Iran et le groupe des « 5+1 » n’avaient jamais réussi à se mettre d’accord sur une nouvelle rencontre. Et dans le contexte actuel de tensions, Israël menaçant d’attaquer les installations nucléaires iraniennes, la reprise du dialogue est déjà un fait positif.
Sur le contenu des discussions en revanche, il est difficile de prévoir une quelconque avancée. L’Iran a soufflé le chaud et le froid ces derniers jours. Mercredi, le négociateur iranien Saïd Jalili a promis des « initiatives » de la part de Téhéran, sans préciser lesquelles. Mais le lendemain, le président de la République Mahmoud Ahmadinejad montrait sa fermeté. « Nous ne reculerons pas d’un iota sur nos droits », déclarait-il, sous-entendu sur le droit d’enrichir de l’uranium.
L’enrichissement d’uranium, c’est le point clé des négociations. Cette activité peut servir aussi bien à nourrir un réacteur nucléaire pour fournir de l’énergie à la population, qu’à fabriquer une bombe atomique, si toutefois les travaux sont poussés.
« La position occidentale est décourageante et décevante », selon l’Iran
C’est ce qui inquiète les pays occidentaux. Dans son dernier rapport de février 2012, l’AIEA, l’Agence internationale de l’énergie atomique, exprimait des « inquiétudes sérieuses » concernant les « possibles dimensions militaires » du programme nucléaire iranien.
Comme l’Iran refuse d’abandonner purement et simplement l’enrichissement d’uranium, les négociations avec le groupe des « 5+1 » devraient théoriquement porter sur la recherche d’un compromis : amener l’Iran à réduire ses capacités, en échange de quoi les pays occidentaux allègeraient les sanctions qui pèsent sur le pays depuis 2006 et qui handicapent de plus en plus l’économie iranienne.
Toutefois, les déclarations des différentes parties laissent présager de discussions difficiles. La délégation iranienne a déclaré vendredi que « la position occidentale telle qu’exprimée au G8 est décourageante et décevante ». A l’issue de leur sommet à Washington jeudi, les huit pays les plus industrialisés avaient sommé Téhéran de mener à Istanbul « un dialogue constructif et sérieux ».
« Certains espoirs » de la part de la Russie
A l’issue d’un entretien téléphonique entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama, la France et les Etats-Unis se sont dits également déterminés à appliquer les sanctions avec la plus grande fermeté tant que Téhéran ne se conformera pas à ses obligations internationales. Un embargo pétrolier décidé par l’Union européenne doit entrer en vigueur le 1er juillet prochain.
Seule la Russie a émis « certains espoirs » sur la réunion d’Istanbul. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov a estimé vendredi que chacun avait des propositions à faire « sur la manière d’avancer par étapes et dans des conditions de réciprocité ».