Le sommet de Séoul veut une «forte coopération» internationale contre le «terrorisme nucléaire»

Le sommet sur la sécurité nucléaire face à la menace terroriste «Séoul - 2012» s’est ouvert lundi 26 mars dans la capitale sud-coréenne, avec la participation des représentants de 53 pays, dont les présidents américain et chinois, ainsi que des dirigeants des Nations unies, de l'Agence internationale de l’énergie atomique, de l'Union européenne et de l'Interpol. La France est représentée par le Premier ministre François Fillon.

Cette rencontre de deux jours est présentée comme le plus important sommet mondial sur la question du nucléaire, en dehors de l’Assemblée générale des Nations unies.

Des sujets comme l'accident nucléaire de Fukushima, le rôle de l’industrie nucléaire dans le renforcement de la sécurité nucléaire et la consolidation des mesures permettant de lutter contre la menace du terrorisme nucléaire vont être abordés. Il sera également question de la protection et de la fiabilité des outils et installations nucléaires et connexes, de même que de la prévention du trafic illégal de matériaux nucléaires.

Conjoncture internationale difficile

Le sommet a lieu un an après l’accident nucléaire de Fukushima (Japon, mars 2011), qui avait déjà relancé le débat sur la sécurité nucléaire.

Il intervient aussi dans une conjoncture marquée par la tension entre les deux Corées sur le projet de lancement par la Corée du Nord d’une fusée à longue portée. Pyongyang affirme que son but est de lancer en orbite un satellite d'observation à usage civil, mais Séoul estime qu'il s'agit d'un moyen déguisé de tester un missile à longue portée, capable de transporter des têtes nucléaires. La Corée du Sud a prévenu que la fusée sera abattue en plein vol, si elle dévie au-dessus du territoire sud-coréen, et le Japon a ordonné la préparation de ses systèmes de défense antimissiles, capable de détruire la fusée si jamais elle menaçait l'archipel.

Le programme nucléaire de la Corée du Nord

La Corée du Nord, autoproclamée puissance nucléaire depuis 2005, a effectué une série de tests qui ont amené l'ONU à décréter des sanctions contre Pyongyang. La coopération du pays avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a été interrompue en 2009. Fin novembre 2010, Pyongyang a révélé l'existence de milliers de centrifugeuses dans le site d'enrichissement d'uranium de Yongbyon. Les inspecteurs de l'AIEA ont été renvoyés du pays, mais le 16 mars dernier, Pyongyang a finalement demandé à l'Agence de dépêcher ses experts en Corée du Nord. En février, Washington et le régime communiste du Nord ont signé un accord, en vertu duquel la dictature stalinienne acceptait un gel partiel de son programme nucléaire, en échange d'une aide alimentaire américaine.

En marge du sommet, le président américain Barack Obama a rencontré son homologue chinois, Hu Jintao, insistant pour que la Chine persuade la Corée du Nord d'abandonner son projet.

Le programme nucléaire de l'Iran

Par ailleurs, les Occidentaux - les Américains et les Israéliens en tête - soupçonnent l'Iran de vouloir se doter d'une arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, ce que Téhéran dément. Les négociations entre les six médiateurs pour le nucléaire iranien (Russie, Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine, France et Allemagne) et la République islamique sont bloquées depuis la conférence d'Istanbul, tenue en janvier 2011.

Des spéculations sur l'intention des Etats-Unis et d'Israël de lancer une opération militaire contre l'Iran paraissent régulièrement dans les médias ces derniers temps. Des responsables israéliens évoquent de plus en plus ouvertement des frappes militaires contre l'Iran.

Ces sujets délicats, qui ne figurent pas à l'ordre du jour officiel de la rencontre, devraient toutefois être évoqués lors des discussions informelles et des rencontres bilatérales entre les responsables politiques présents à Séoul.

Projet de communiqué final

Selon AFP, qui a eu connaissance du projet de communiqué final de la réunion, les participants se félicitent des « progrès substantiels » réalisés depuis le premier sommet sur le nucléaire, tenu en 2010 à Washington. Ce sommet avait pour but d'empêcher que du plutonium et/ou de l'uranium hautement enrichi ne tombent entre les mains des organisations terroristes.

Le sommet de Séoul appelle à une « forte coopération » internationale contre le danger du « terrorisme nucléaire », « une des plus grandes menaces » qui pèse sur la sécurité du monde. Le texte exhorte tous les pays à être parties prenantes aux conventions internationales sur la protection des matières fissiles et réaffirme le rôle central de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Il insiste sur la nécessité de protéger les stocks d'uranium hautement enrichi et de plutonium. Le troisième sommet sur la sécurité nucléaire, est-il précisé, aura lieu en 2014 aux Pays-Bas.
Le communiqué final sera rendu public mardi soir, par le président sud-coréen Lee Myung-bak.

Propositions américaines de réduction de l'arsenal nucléaire

En marge du sommet, une source américaine affirme que le président Barack Obama va soumettre au président russe Vladimir Poutine une nouvelle proposition de réduction des armes nucléaires ; cette proposition devrait être faite en mai, lors du prochain sommet du G8 à Camp David. Les Etats-Unis et la Russie ont signé en 2010 un nouveau traité de réduction des armes stratégiques, et le président américain se montre décidé de persévérer sur la voie du désarmement nucléaire.

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