Avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
Pas de blessé cette fois-ci, contrairement à l’incident de lundi matin. Mais il s’en est fallu de peu, puisque c’est sur un groupe d’une centaine de fuyards, dont beaucoup de femmes et d’enfants qui traversaient un champ miné, que les soldats syriens ont ouvert le feu, atteignant les logements préfabriqués du camp du Croissant-Rouge.
Ainsi, ce que le Premier ministre Erdogan avait qualifié de violation claire de la frontière turque passe d’un problème humanitaire à un problème de sécurité, qui préoccupe le gouvernement. L’affaire a poussé le chef de la diplomatie, Ahmet Davutoglu, non seulement à abréger sa visite en Chine mais aussi à interpeller les pays membres du Conseil de sécurité des Nations unies.
Ankara réclame une prise de position rapide et une résolution pour dénoncer et faire stopper les agissements du régime syrien. Voilà pour le volet diplomatique. Quant à la réponse de la Turquie, elle reste limitée à une menace, à savoir prendre des mesures de protection : « Nous ne voulons pas intervenir en Syrie, a dit le chef du gouvernement, mais Damas est en train de nous y pousser ».
Cette menace reste cependant un effet d’annonce pour l’instant, car la Turquie ne peut pas, et ne veut pas prendre seule la décision d’envoyer ses soldats de l’autre côté de la frontière. L’aventure est beaucoup trop risquée pour le moment.