Avec notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh
Le lourd bilan atteste de la violence des combats ces quatre derniers jours. Trois cents morts, peut-être plus, des centaines de blessés, des débordements en Turquie et au Liban. Il y a quelques heures encore, des tirs provenant de Syrie ont touché le territoire turc.
Certes, l’armée syrienne s’est retirée de quelques centres urbains, comme Zabadan, et à l’ouest de Damas, ou Deraa, au sud, mais elle s’est redéployée ailleurs. L’objectif de l’armée est clair, aux yeux des experts et des militaires. Elle veut, coûte que coûte, boucler et sécuriser les frontières avec le Liban et la Turquie, avant le cessez-le-feu. C’est par là que passent les hommes, l’argent et les armes qui alimentent la rébellion.
Les principaux bastions de l’opposition, Homs et Idleb, se situent en effet à quelques kilomètres seulement des frontières libanaise et turque. Mais il est peu probable que l’armée syrienne réussisse à mater la révolte en deux jours, alors qu’elle n’est pas parvenue à le faire en treize mois.
La confusion politique qui entoure le plan Annan s’ajoute aussi à la situation incertaine sur le plan militaire. La date butoir du 10 avril est dépassée, sans que le cessez-le-feu proposé par l’émissaire conjoint n’entre en vigueur et la rallonge jusqu’au 12 avril approche, sans que des signaux décisifs sur une prochaine cessation des hostilités n’apparaissent.
La situation est d’autant plus ambiguë que le pouvoir syrien semble avoir lié le cessez-le-feu au déploiement des observateurs internationaux, un processus qui ne peut, en aucun cas, être achevé d’ici au 12 avril. Des rebondissements sont donc à attendre.