Plan Annan: Damas continue de jouer la montre

L'armée syrienne continuait, mardi 10 avril, à bombarder plusieurs villes du pays, à quelques heures du délai fixé par l’émissaire conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe Kofi Annan et prévoyant un retrait des troupes et des chars des villes au plus tard à minuit.

Les bombardements de l’armée syrienne auraient fait au moins 17 morts ce mardi, selon l’Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres. A Homs, un des bastions de l’opposition, un militant a confirmé le décès de 5 civils au moins. « Rien n’a changé, les chars sont toujours là », a déclaré Sami Ibrahim, un militant joint par RFI, accusant Bachar el-Assad d’être « un menteur ».

Le régime syrien a accepté le plan de paix de Kofi Annan, l’émissaire conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe, mais selon l’opposition il ne le respecte pas. Ce plan, en six points, prévoit notamment le retrait des chars et des troupes syriennes au plus tard ce mardi à minuit, pour permettre un cessez-le-feu d'ici 48 heures, c'est-à-dire jeudi 12 avril.

Walid Moualem, le ministre syrien des Affaires étrangères qui était à Moscou ce mardi, a déclaré lors d'une conférence de presse commune avec son homologue russe Sergueï Lavrov que le retrait « de certaines unités de certaines villes » était en train de se faire. Kofi Annan a confirmé que le retrait était effectif à certains endroits mais que l’armée « se déplaçait » dans d’autres.

« Conditions inacceptables », selon l’opposition syrienne

En outre, Walid Moualem a conditionné le cessez-le-feu, théoriquement prévu jeudi, à l'arrivée d'observateurs internationaux. Or aucune date n’a été fixée pour l’arrivée de ces quelque 200 observateurs, sans compter que l'ONU conditionne leur envoi à l'arrêt des violences. C'est donc l'impasse.

Du côté de l'opposition, le ton est également monté. L'Armée syrienne libre (ASL), l'opposition armée, a prévenu que si les troupes syriennes ne se retiraient pas immédiatement des villes et que les bombardements continuaient, elle intensifierait ses opérations. Quant au Conseil national syrien, qui représente l'opposition politique, il dénonce des « conditions inacceptables » posées par le régime.

Malgré tout, Kofi Annan a jugé « prématuré » de dire si son plan pour la Syrie avait échoué. Lors d’une conférence de presse en Turquie, où il effectuait une visite des camps de réfugiés syriens, il a réitéré son appel à la fin des combats « sans conditions ».

L'attitude de Damas a toutefois des airs de déjà-vu. Le régime accepte un plan de paix, comme ce fut le cas avec celui de la Ligue arabe en novembre dernier, puis il rajoute des conditions. Au final, il ne le respecte pas. Selon l'opposition, il s'agit surtout de gagner du temps. Jusqu'à quand ?

La Russie appelle Damas à être « plus actif »

La Russie, qui reste un des derniers alliés de la Syrie, commence à montrer des signes d'impatience. Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a appelé ce mardi Damas à être « plus actif » dans l'application du plan Annan.

Reste à savoir quelle sera l’attitude de la Russie si jeudi le plan est définitivement enterré. Sera-t-elle prête à pencher du côté d’une large partie de la communauté internationale qui souhaite un vote au Conseil de sécurité de l'ONU ?

En tous cas, les Etats-Unis appellent déjà l'ONU à agir en cas de non respect du plan Annan. « Nous espérons que le Conseil de sécurité de l'ONU évaluera la situation en Syrie si jamais M. Annan conclut que le régime Assad n'a pas respecté ses propres engagements », a déclaré mardi le porte-parole de la présidence américaine Jay Carney.

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