Ave notre envoyé spécial à Reyhanli sur la frontière turco-syrienne, Jérôme Bastion
Le martyr de Killi, à 15 kilomètres au-delà de la frontière toute proche, et des villages de Binniche, Taftanaz, Hezzano, qui a fait fuir en Turquie en 72 heures quelque 5000 personnes, selon un bilan provisoire, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, pour Ahmet Davutoglu.
Après avoir entendu les récits des habitants de ces campagnes du nord-est d’Idleb, qui décrivent de véritable crimes contre l’humanité, le chef de la diplomatie turque a décroché son téléphone pour dire au secrétaire général de l’ONU que la Turquie ne pouvait plus continuer à faire face seule à cet afflux de réfugiés, et notamment de blessés, mais aussi qu’il fallait à tout prix faire cesser les violences et les massacres du régime de Bachar el-Assad.
M. Davutoglu avait déjà lancé un appel à la solidarité devant le groupe des amis du peuple syrien il y a six jours, mais la poursuite et même l’accélération de l’exode impliquent une mobilisation rapide, a-t-il plaidé auprès de Ban Ki-moon.
D’autant que les incidents frontaliers se multiplient : après des coups de feu atteignant le territoire turc, c’est hier le survol par des hélicoptères militaires syriens des collines marquant la limite entre les deux pays qui a créé la panique. Ces mêmes hélicoptères qui avaient bombardé, ces jours derniers, des villages désormais désertés et ravagés, selon les témoignages recueillis dans les camps.