Un journaliste français tué dans la ville syrienne d'Homs

Un journaliste français a été tué ce 11 janvier 2012 à Homs, foyer de l'insurrection syrienne. Gilles Jacquier était en reportage pour France Télévision pour l'émission Envoyé spécial. Il participait à un voyage de presse autorisé par les autorités syriennes. C'est la première fois qu'un journaliste occidental est tué en Syrie depuis le début de la contestation. Gilles Jacquier a couvert la plupart des conflits de ces 20 dernières années et obtenu le prix Albert Londres en 2003.

Un journaliste français de 43 ans, Gilles Jacquier, a été tué mercredi 11 janvier 2012 à Homs où il était en reportage. Gilles Jacquier travaillait pour France Télévision. Il participait à un voyage de presse autorisé par les autorités syriennes. Gilles Jacquier était en compagnie d'autres journalistes dont certains ont été blessés, un reporter belge et un néerlandais. Il se trouvait dans un quartier de Homs considéré comme étant favorable à Bachar el-Assad, et couvrait sans doute une manifestation pro-régime. Un tir d'obus de mortier aurait frappé le groupe de journalistes. Gilles Jacquier est mort sur le coup. On ne sait pas pour l'instant qui a tiré sur le groupe, et s'il s'agissait d'une frappe au hasard ou d'un tir délibéré. Sept autres personnes ont trouvé la mort, et 25 autres ont été blessées.

les témoignages concernant cette attaque sont contradictoires. D'après un photographe présent sur les lieux, Gilles Jacquier était -avec d'autres journalistes occidentaux et syriens- en train d'interviewer des manifestants pro-Assad, lorsque des obus sont tombés sur un immeuble. Ce photographe a vu la scène depuis le toit du bâtiment, et selon lui, un groupe de journaliste dont faisait partie Gilles Jacquier est sorti de l'immeuble pour voir ce qui se passait dehors et c'est là où il aurait reçu de plein fouet un obus.

Reportage autorisé

Un autre témoin de l'attaque, un correspondant de la BBC, parle, lui, de roquettes RPG, deux au total, qui auraient frappé la foule, tuant sur le champ le reporter français et plusieurs autres personnes, des militants pro-Assad. Selon ce journaliste, le deuxième RPG était clairement tiré en direction des journalistes qui se trouvaient alors dans la rue, au pied de l'immeuble.

Gilles Jacquier avait obtenu un visa par l'ambassade syrienne à Paris, il voulait faire un reportage sur la rébellion au Syrie vue par le régime Assad. Il voulait savoir comment le régime communique sur ces événements. Il s'agit du premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime, le 15 mars 2011.


Gilles Jacquier était grand reporter à France 2 depuis 1999. Il a en particulier couvert l'Irak, l'Afghanistan, le Kosovo et Israël. Il a réalisé de nombreux reportages pour l'émission la plus connue de reportages de la chaîne, Envoyé spécial. Gilles Jacquier avait débuté à France 3 Lille en 1991, avant de passer à la rédaction nationale de France 3 en 1994.

En 2003, ce reporter qui a fait toute sa carrière dans le service public, a obtenu le prestigieux prix Albert Londres avec Bertrand Coq. Leur couverture de la deuxième Intifada et l'opération Rempart menée par l'armée israélienne en avril 2002 leur avaient valu cette récompense.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a précisé de son côté que 6 Syriens avaient été tués dans le même incident. « Des obus sont tombés entre les quartiers de Akrama et Al-Nouzha où se trouvait ce groupe de journalistes ».

Le régime syrien, dès le début de l’insurrection, a très fortement limité les déplacements des médias étrangers en Syrie.

Le ministère syrien de l'Information a indiqué qu'il était au courant d'un incident impliquant des journalistes étrangers à Homs mais qu'il n'avait pas d’informations supplémentaires.

La France demande que « toute la lumière soit faite sur les circonstances » de la mort de Gilles Jacquier. Nicolas Sarkozy a, lui, tenu à rappeler la difficulté du métier de journaliste à l'occasion d'une séance de voeux aux parlementaires et l'importance d'avoir « d'avoir des hommes courageux pour dire la vérité de ce qui se passe ». Le candidat socialiste à la présidentielle François Hollande a fait part de son « immense émotion » dans un communiqué, en estimant que la Syrie avait failli à une de ses obligations : « garantir la sécurité des journalistes et la liberté de l'information ».

Les Etats-Unis ont « déploré » la mort du journaliste français. « Le président el-Assad continue de perpétrer des actes de violence contre son propre peuple et ne fournit pas aux journalistes (...) un environnement favorable », a ajouté Victoria Nuland, porte-parole du département d'Etat.

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