Bachar el-Assad dénonce de nouveau une «conspiration étrangère»

Pour la quatrième fois depuis le début de la contestation en Syrie, le président Bachar el-Assad s'est longuement exprimé ce mardi 10 janvier dans un discours retransmis par la télévision officielle. Un discours fleuve au cours duquel le président syrien n'a pas reconnu l'ampleur du mouvement de contestation. Il a dénoncé un « complot étranger » et fustigé la Ligue arabe.

De sécurité et de stabilité, il en a été beaucoup question. Ces mots sont souvent revenus dans la bouche du président Assad qui s'est exprimé pendant presque deux heures, devant une salle comble de l'Université de Damas. Mais quand le président syrien affirme que sa priorité est de rétablir l'ordre et la sécurité, il assure que le moyen d'y parvenir est de « frapper les terroristes d'une main de fer ». Pour Bachar el-Assad, « aucun ordre n'a été donné pour tirer sur les citoyens ». « Il n'y a pas de révolution, mais plutôt une conspiration étrangère ».

Comme lors de ses précédents discours, le N°1 syrien s'en prend aux « parties de l'étranger » qui cherchent, d'après lui, à « déstabiliser le pays ». La Ligue arabe, qui a commencé à prendre des sanctions contre la Syrie, en a également pris pour son grade. Bachar el-Assad fustige l'inaction de l'organisation panarabe à qui il reproche d'être à la botte de l'Occident. Bachar el-Assad, en tout cas, « gouverne avec la volonté du peuple », c'est lui-même qui l'assure.

Seule petite nouveauté ; tout en fustigeant l'opposition, Bachar el-Assad assure que le gouvernement est prêt à s'ouvrir à l'ensemble des forces politiques du pays et qu'il pourrait y avoir un référendum début mars sur une nouvelle constitution. Cela fait plus d'une heure que le président syrien parle, la chaîne al-Jazira interrompt soudainement la retransmission du discours pour montrer des images, en direct, de manifestation dans la ville de Deraa. Bachar el-Assad est encore loin d'avoir terminé son discours, mais une partie de la population syrienne déjà ne l'écoute plus.

Des observateurs attaqués

Les attaques des observateurs ne sont visiblement pas des cas isolés. Dans un communiqué, la Ligue arabe assure que des incidents ont été signalés à Lattaquié, sur la côte méditerranéenne, et à l'est, à Deir Ezzor par des éléments identifiés comme pro-régime. Ailleurs dans le pays, ce sont des éléments de l'opposition qui ont pris pour cible les observateurs. Deux officiers koweïtiens ont été légèrement blessés dans une attaque menée par des « manifestants non identifiés », d'après le ministère koweitien de la Défense.

Dans un communiqué, le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, résume la situation : cela fait moins de trois semaines que la mission des observateurs a commencé et déjà plusieurs d'entre eux « ont été blessés et une partie de leur équipement gravement endommagé ».

Le chef de la diplomatie des Emirats arabes unis dénonce le « manque d'engagement » des Syriens pour permettre aux observateurs de travailler. Malgré les difficultés et les critiques, la Ligue arabe appelle à poursuivre et même à renforcer sa mission. Dans son dernier communiqué, Nabil al-Arabi précise qu'il tient « le gouvernement syrien pour pleinement responsable de la protection » des observateurs.

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