C'est explicitement pour marquer ses positions au côté de Damas que Moscou a décidé que son armada de porte-avions, de contre-torpilleurs et de frégates ferait relâche pendant six jours à la base navale syrienne de Tartous. Ce n'est pas exceptionnel, puisque la marine russe dispose à Tartous de facilités de maintenance et de ravitaillement depuis l'ère soviétique pour sa flotte qui croise en Méditerranée.
Mais cette fois, la manœuvre vaut signal, et les capitaines des navires russes ont très officiellement fait savoir que leur visite a pour objet de renforcer les liens d'amitié entre Moscou et Damas. Des liens qui ne sont pas seulement militaires, même si équipement et formations russes occupent une place prépondérante dans l'armée syrienne.
Pour Moscou, l'enjeu est beaucoup plus largement stratégique. Et il s'agit d'empêcher à tout prix la reproduction en Syrie d'un scénario à la libyenne. Pour la Russie, mieux vaut garder à Damas un parti Baas laïc et socialisant plutôt que laisser advenir une Syrie où l'islam politique aurait le vent en poupe. Un islam plutôt sunnite qu'alaouite ou chiite d'ailleurs, et qui servirait mieux les intérêts saoudiens et américains que russes.