Le bilan de ce dernier épisode montre que le Yémen est enfoncé dans une violence politique dont il lui sera d'autant plus difficile de sortir que les déclarations du président sortant restent profondément ambigües. Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, ne renonce pas. Certes, il annonce son départ prochain pour les Etats-Unis mais il précise bien que son absence sera provisoire. Il dit qu'il reviendra car il ne veut pas abandonner tous ceux qui lui ont été dévoués au cours de ces onze derniers mois de crise.
Il a bien signé le mois dernier un accord de transfert de pouvoir à son vice-président chargé d'organiser un scrutin présidentiel au mois de février. Mais, tout en déclarant son retrait des activités politiques, il annonce dans la même phrase qu'à son retour il descendra dans la rue en tant que membre de l'opposition.
En fait, il semble qu'à ce stade il n'ait plus guère le choix. Ses opposants ne lui pardonnent pas la brutalité de la répression et d'avoir sacrifié le pays à ses ambitions, ils sont furieux contre la clause d'immunité contenu dans l'accord, ils ne veulent pas l'appliquer et ils sont de nouveau rassemblés ce dimanche à Sanaa pour exiger la mise à mort de celui qu'ils appellent « leur bourreau ».