Les derniers soldats américains quittent l'Irak: la guerre est finie

En Irak, le dernier convoi de l’armée américaine quitte le pays dans la nuit de ce samedi au dimanche 18 décembre 2011, marquant la fin d’une présence de près de neuf ans. Le retrait final s’est déroulé dans la plus grande discrétion par le sud du pays, vers le Koweït d’où les derniers soldats américains regagneront leur pays. Aux Etats-Unis, la fin de la guerre et le retour des boys sont vécus sans émotion particulière.

Avec notre correspondante à Bagdad, Fatma Kizilboga

C'est une sortie de scène longuement préparée mais dans la plus grande discrétion. Les GI auront quitté le pays par la frontière koweïtienne d’où ils étaient arrivés en grandes pompes. L’armée américaine, en nombre très réduit, craignait visiblement une agression des milices armées chiites présentes dans le sud du pays, hostiles à toute présence étrangère.

500 soldats à bord d’une centaine de véhicules blindés composaient ce convoi, dont la sécurité aux abords de l’autoroute a été assurée par une vingtaine de tribus de la région. Une collaboration que les responsables militaires américains admettent avoir payé jusqu’à 80 000 euros par mois, afin d’éviter toute installation d’explosifs aux abords des routes empruntées.

Ce dimanche matin, les Irakiens se réveillent pour la première fois dans un pays toujours en proie aux violences, et désormais totalement livré à lui-même. Une page se tourne. Le départ des troupes américaines, qui suscite le soulagement d’une majorité de la population, laisse toutefois planer le spectre des violences sectaires, principal obstacle à la reconstruction du pays détruit par des décennies de guerre et d’embargo.

Un départ qui ne provoque pas d’émotion particulière aux Etats-Unis

avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet

C’est presque dans l’indifférence que les Américains accueillent la fin d’une guerre qui, si elle avait été populaire à ses débuts en 2003, les avait au fil des années embarrassés à cause des erreurs commises. Une fois passée la satisfaction de voir Saddam Hussein déchu, puis capturé, l’enthousiasme avait diminué après l’absence de découvertes d’armes de destruction massives, le casus belli invoqué par George Bush, après aussi le scandale d’Abou Ghraïb.

Aujourd’hui, les Américains se demandent si les efforts engagés par les Etats-Unis pendant près de neuf ans valaient la vie de 4500 soldats, et la mutilation de 32.000 autres, pour ne pas mentionner près de mille milliards de dépenses. Nombreux sont ceux qui vous disent « tout ça pourquoi ?» et beaucoup craignent un retour de la guerre civile.

Les Américains sont heureux de voir les boys rentrer chez eux pour les fêtes, et à l’inverse de ce qui s’était passé après la guerre du Vietnam, ils saluent leur bravoure. Un courage que s’est plu à souligner le président Obama dans son allocution hebdomadaire. Si l’armée est l’institution la plus respectée d’Amérique, a-t-il dit, c’est parce que ses soldats ne se considèrent pas comme des démocrates ou des républicains, mais d’abord comme des Américains. En leur exprimant sa gratitude, le président a lancé un appel à l’unité nationale pour surmonter la crise économique.

Partager :