Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
La Ligue arabe présidée par le Qatar ne cache plus son exaspération face à ce qu’elle considère comme un double langage. Le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi, a rappelé à Damas qu’elle s’était engagée à mettre fin aux violences et à assurer la sécurité des civils. Nabil al-Arabi est même allé jusqu’à lancer une mise en garde au régime de Bachar el-Assad, prédisant une catastrophe si l’accord passé avec la Ligue n’était pas respecté.
Reste à savoir si les membres de la Ligue sont vraiment déterminés à prendre des mesures. L’opposition syrienne a demandé que le siège de Damas à la Ligue soit gelé comme cela avait été fait pour la Libye de Kadhafi. Une éventualité qui pourrait être soulevée lors de la réunion de la commission chargée du suivi de l’application de l’accord passé avec la Ligue.
Une commission présidée par le Qatar, dont le Premier ministre et chef de la diplomatie, le cheikh Hamad Ben Jassem s’est personnellement impliqué dans l’accord arabo-syrien. Les pays du Golfe, principaux bailleurs de fonds de la Ligue sont aussi les principaux critiques du régime de Bachar el-Assad.
L’opinion en colère
L’opinion publique arabe est de plus en plus en colère contre le régime du président Assad. Plusieurs journaux arabes du Golfe publient, ce lundi, à la Une la photo de manifestants syriens portant une grande affiche sur laquelle est écrit le mot « Menteur ». Les médias sociaux sont plus violents et l’on retrouve les qualificatifs de « Boucher » pour Bachar el-Assad accusé d’avoir égorgé les manifestants comme les moutons de l’Aïd.
De très nombreux internautes approuvent l’appel du Conseil national syrien demandant à la Ligue arabe d’adopter des mesures de soutien de l’opposition. « L’heure n’est plus à l’adoption de mesures contre le régime syrien mais au soutien matériel à l’opposition », peut-on lire.
Mais les appels à la lutte armée ou le jihad se multiplient sur les blogs et pages Facebook selon que les intervenants soient laïcs ou islamistes. De plus en plus de Syriens mais aussi d’Arabes réclament une intervention étrangère comme cela a été le cas en Libye. Une intervention que la Ligue arabe a justement déclaré vouloir éviter en concluant son accord avec Damas.