Les autorités syriennes multiplient les gestes de bonne volonté depuis l’acceptation la semaine dernière de l’initiative de la Ligue arabe mais l’opposition reste sceptique. Cinq cent cinquante opposants arrêtés pour avoir participé à des manifestations hostiles au régime ont été libérés ce samedi 5 novembre, à l’occasion de la fête musulmane d'al-Adha.
L’agence officielle Sana qui rapporte la nouvelle, précise que parmi les personnes relâchées, aucune n’a de sang sur les mains. 120 partisans de l’opposition avait déjà été libérés après l’aboutissement de la médiation arabe. Vendredi 4 novembre, le ministère syrien de l’Intérieur avait fait une offre d’amnistie valable une semaine à tous ceux qui ont porté, acheté, vendu ou distribué des armes sans être accusés d’homicide. Ils ont été invités à se rendre au poste de police le plus proche avec leurs armes pour bénéficier d’une amnistie immédiate.
Une porte-parole du département d’Etat américain a cependant conseillé aux opposants de ne pas se rendre aux autorités syriennes actuellement. Victoria Noland évoque une longue histoire de promesses non respectées au sein du régime des Assad. Le gouvernement syrien a réagi en dénonçant des propos irresponsables qui visent à attiser les querelles religieuses et à soutenir les meurtres et les actes de terroriosme pratiqués par des bandes armées contre des citoyens syriens.
Une partie de l'opposition réunie à Paris
Ce samedi 5 novembre alors que la répression se poursuit en Syrie, avec notamment la poursuite du pilonnage de la ville de Homs par les chars syriens, une partie de l'opposition se réunissait à Paris. Trois jours durant lesquels la question sera de savoir comment renverser Bachar el-Assad. Le Comité national de soutien à la révolution syrienne est composé d'une cinquantaine de personnalités, et à sa tête un homme contesté Abdel-Halim Khaddam.
Abdel-Halim Khaddam, l'ancien homme fort d'Afez el-Assad
Ministre des Affaires étrangères entre 1970 et 1984 puis vice-président jusqu'en 2005, Khaddam était l'homme fort d'Afez el-Assad. Mais il fut aussi le mentor de l'actuel président syrien, avant de tomber en disgrâce. Selon Fabrice Balanche, qui dirige le Groupe de Recherche et d'Etudes sur la Mediterranée et le Moyen-Orient à Paris, « c’est lui qui a fait en sorte que l’appareil politique syrien accepte Bachar el-Assad. Khaddam faisait partie des compagnons du père, de la vieille garde. Donc Bachar el-Assad a évidemment fait le ménage autour de lui progressivement pour s’entourer d’hommes plus jeunes ».
En 2005, Khaddam s'exile donc à Paris où il dénonce les dérives du régime syrien. Pourtant, il a lui-même participé à sa répression. Toujours selon Fabrice Balanche, Abdel-Halim Khaddam a lui-même ordonné et dirigé le massacre de Hama en 1982 : « Sa volte-face de 2005 en disant qu’il condamanit ce régime dicatatorial faisait sourire ». Mais depuis que la contestation s'amplifie dans le pays, l'homme développe de nouvelles ambitions. Et c'est justement sa proximité ancienne avec le régime qui pourrait lui servir. « Il connaît bien le système puisqu’il a contribué à le construire. Il est proche des Saoudiens, des pétromonarchies du Golfe donc cela pourrait être un candidat de transition », a expliqué Fabrice Balanche à RFI.
En attendant le Comité national de soutien à la révolution syrienne qu'il préside devra s'imposer. Notamment face à au Conseil national syrien, l'autorité qui rassemble l'essentiel de l'opposition.