Avec notre correspondante à Sanaa, Charlotte Velut
La nouvelle du prix Nobel de la paix accordée à Tawakkol Karman est accueillie avec fierté chez les opposants au régime d'Ali Abdallah Saleh : « Je suis très heureuse. Tawakkol est la plus grande femme du Yémen. Elle a fait tomber les préjugés sur les Yéménites en montrant que nous ne sommes pas opprimées mais fortes et volontaires. Son prix récompense toutes les femmes yéménites ».
Les femmes sont reconnaissantes du courage de cette militante des droits humains : la première à avoir osé descendre dans les rues yéménites, le visage découvert.
Les hommes aussi. Khaled al-Anesi en tête, avocat des droits de l’homme au côté de Tawakkol Karman dès les premières heures de la révolte : « C’est un choc. On ne s’y attendait pas du tout. Ce prix va changer beaucoup de choses. Ca va relancer l’attention sur la révolte yéménite et aussi embarrasser beaucoup de pays arabes et internationaux. Enfin, cette récompense va encourager davantage les activistes des droits de l’homme à se battre ».
Un prix Nobel en poche, Tawakkol et ses compagnons de révolte espèrent à présent mener le dossier du Yémen sur la table des Nations unies afin d’accentuer la pression sur le régime de Ali Abdallah Saleh et accélérer sa sortie.
Au Yémen, certaines femmes mettent toutefois un bémol à cet enthousiasme car Tawakkol Karman est membre du parti al-Islah, la branche yéménite des Frères musulmans. Le parti a cependant souffert de dissensions internes en raison de ses relations avec le gouvernement auquel il a participé entre 1994 et 1997 et de sa position sur la place des femmes en politique.
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À consulter :
Situation des femmes au Yémen (en anglais) Freedom House.