L’attribution du prix Nobel de la paix à Ellen Johnson Sirleaf intervient quatre jours avant l’élection présidentielle où elle brigue un nouveau mandat. Il était 9h le 7 octobre au matin à Monrovia quand la nouvelle a été annoncée depuis Oslo. A la résidence de la première femme africaine chef d’Etat, son entourage a accueilli la nouvelle avec joie.
Mais tout le monde ne partageait pas cet avis. L'opposition à la présidente a vivement critiqué la décision du comité Nobel. Le Congrès pour le changement démocratique (CDC), le parti de Winston Tubman et Georges Weah, principale formation de l'opposition libérienne, a ainsi jugé cette décision « inacceptable » et « non méritée », ainsi que le dit son secrétaire général Acarious Gray.
Pour sa part, la Sénégalaise Bineta Diop, fondatrice de l'ONG Femme africaine solidaire et soutien d'Ellen Johnson Sirleaf, souligne que ce prix devrait avant tout permettre le bon déroulement des scrutins et doit inciter tous les mouvements au Liberia à maintenir la paix.
Jaqueline Moudeïna, présidente de l'Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l'homme, se présente comme une admiratrice de longue date d'Ellen Johnson Sirleaf. Mais elle craint un risque de mélange des genres entre ce prix et la campagne électorale dans laquelle elle est engagée.
Un Nobel, trois femmes
Le fait qu’outre Ellen Johnson Sirleaf, deux autres femmes, la yéménite Tawakkol Karman et une autre libérienne, Leymah Gbowee, aient également reçu le prix Nobel de la paix a également été très commenté. Joséphine Odera, directrice régionale d'ONU Femmes, l'entité des Nations unies pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, représentante pour l'Afrique de l'ouest, estime que cela valorise le rôle des femmes dans les processus de paix en Afrique.
Première femme politique a avoir brigué la présidence au Bénin, l'avocate Marie Elise Gbedo, actuelle Garde des Sceaux, se réjouit du prix Nobel attribué à trois femmes. Mais elle rend d'abord hommage à un autre prix Nobel de la paix qui vient de disparaître.
Enfin, Maître Alice Nkom, célèbre avocate camerounaise, voit dans ce Nobel la suite d'un combat, qui ne s'arrête donc pas avec la disparition de Wangari Mataï,
La reconnaissance de la femme en tant qu’acteur de la paix continue.