Bachar el-Assad a étendu sa répression aux Syriens de l’étranger rapporte Amnesty International

Les Syriens de l'étranger, en Europe ou aux Etats-Unis, ont été suivis et harcelés par des personnels des ambassades syriennes lors de manifestations de protestation contre le régime en place. Amnesty International a publié lundi 3 octobre un rapport sur la façon dont les autorités de Damas ont procédé à des intimidations à l'encontre d'une trentaine de manifestants dans au moins huit pays. La pression s'exerce aussi en Syrie où certains de leurs proches ont été arrêtés et torturés par les forces de sécurité.

Propos recueillis par Véronique Gaymard

Non content de se livrer à une répression sans merci à l’intérieur du pays, le régime de Bachar el-Assad a harcelé ces derniers mois les Syriens vivant à l’étranger comme le rapporte Amnesty International. Pour Neil Sammonds, chercheur sur la Syrie de cette organisation non gouvernementale, les pays occidentaux où se sont produites ces violences doivent prendre des mesures pour garantir leur liberté d'expression et d'association. « Certains de ces incidents ont été rendus publics, en l'occurrence les violences qui se sont produites à Paris fin août » affirme Neil Sammonds.

« Nous avons recueilli des témoignages de manifestants dans plusieurs régions du monde », explique-t-il. « Souvent, lorsque des gens sont allés manifester ou qu'ils se sont fait le relais de protestations par le biais de Facebook ou d'autres moyens, dénonce-t-il, ils ont reçu des mails, des coups de fils ou des visites de la part d'officiels des ambassades syriennes ou d'autres personnes qui travaillent pour le régime syrien à l'étranger ».

Même les personnes âgées

« Cette surveillance, reprend-il, a aussi été utilisée par les services de sécurité en Syrie pour harceler des membres des familles de Syriens établis à l'étranger. Par exemple, nous avons le cas de personnes âgées de 66 et de 73 ans, qui sont les parents d'un militant syrien vivant aux Etats-Unis. Ils ont été tabassés chez eux à Homs ! La famille d'autres militants en Suède, poursuit-il, a également reçu la visite des services de sécurité. Six d'entre eux ont été arrêtés et deux ont été torturés, alors qu'on les interrogeait sur les activités de leurs proches établis à l'étranger ».

Des marches de soutien au nouveau Conseil national syrien (CNS) se sont déroulées ce lundi dans plusieurs villes de Syrie et d’autres vont avoir lieu à travers le monde. L’une des plus importantes se déroulera ce mardi 4 octobre à Londres. « Ce que nous voulons montrer, précise Neil Sammonds, c'est que si nous sommes tous ensemble et que nous affichons une solidarité avec les gens qui subissent ces abus, eh bien ils pourront mieux se faire entendre. A Londres, des Syriens vont se rassembler, avec des affiches disant "nous n'avons pas peur", sur lesquelles certains vont sans doute faire figurer leur ville d'origine ».

Mobiliser l’opinion

« C'est une façon de dire aux autorités : "nous savons que vous nous surveillez, et que vous serez tentés d'aller chez nos proches en Syrie". Mais en faisant cela tous ensemble, nous pointons le fait que ce harcèlement et d'autres formes d'abus se produisent au niveau international à l'encontre des communautés syriennes à l'étranger ». « En menant cette action, conclut le chercheur d’Amnesty International, nous espérons mobiliser également l'opinion pour qu'elle regarde d'un peu plus près ce qui se passe à l'intérieur même de la Syrie, où d'après les preuves que nous avons recueillies, des crimes contre l'humanité se produisent. Pourtant, jusqu'à présent, la communauté internationale est restée trop silencieuse ».

Partager :