Retour du président Saleh à Sanaa: dernier regain de violence avant un plan de transition

Le retour inattendu ce vendredi matin 23 septembre 2011 au Yémen du président Ali Abdallah Saleh fait craindre un regain de violence alors que les combats entre partisans du régime et opposants se sont intensifiés ces derniers jours, faisant plus d'une centaine de morts en moins d'une semaine. Ali Abdallah Saleh était depuis trois mois en convalescence en Arabie Saoudite après l'attaque de son palais à Sanaa en juin dernier au cours de laquelle il avait été blessé. Selon un responsable du palais présidentiel, dès son retour, le président Saleh a appelé à un cessez-le-feu. Un appel au calme qui pourrait être le fruit d'accords tacites passés avec le Conseil de Coopération du Golfe pour trouver une issue au conflit et préparer sa succession.

Des négociations en cours depuis le début de la contestation

Le Conseil de Coopération du Golfe n'en est pas à sa première tentative de médiation : début avril, le gouvernement yéménite avait accepté un plan de transition du pouvoir, immédiatement rejeté par les opposants car il garantissait l'immunité au président Saleh. Deuxième tentative fin avril : le plan prévoit alors le départ du président au bout d'un mois et de nouvelles élections. Cette fois c'est le président qui refuse de le signer. En mai, nouvelle tentative est ébauchée avec un nouvel accord de transition, mais le président là encore refuse le compromis. Ce deuxième refus marque une radicalisation des mouvements de contestation et une escalade de la violence.

Le 3 juin une bombe placée dans le palais présidentiel explose et blesse le président Ali Abdallah Saleh qui part se faire soigner en Arabie Saoudite. Mais ce n'est qu'à la fin de ces trois mois d'absence qu'il accepte de confier ses pouvoirs au vice-président, tout en continuant à demander de nouvelles négociations. Avec ce retour à Sanaa qui n'était pas annoncé, le président joue également sur une opposition divisée et sur la fidélité de ses partisans, où chaque partie en présence tente de gagner du terrain et d'exercer sa pression.

Les forces en présence se positionnent

C'est essentiellement la garde républicaine dirigée par le fils du président qui tient le régime en place et les tribus qui lui sont fidèles. Mais depuis le mois de janvier, le président Ali Abdallah Saleh est confronté à une contestation multiple. Et les forces en présence n'ont pas toutes le même objectif ni les mêmes intérêts.

Les protestataires qui campent sur la place du Changement depuis le mois de janvier veulent un véritable changement de régime après 33 ans de dictature du président Ali Abdallah Saleh qu'ils accusent de népotisme et de corruption. A ceux-là s'est greffé le général Ali Mohsen et sa division blindée qui a fait dissidence le 21 mars et a dit assurer aux contestataires et à certaines tribus sa protection.

En mai, ce sont les partisans de l'alliance du cheick al-Ahmar, des puissantes tribus des Hached, qui s'opposent violemment au pouvoir avec des combats à l'arme lourde - ceux-ci sont proches du Forum commun, une coalition de l'opposition parlementaire de tendance islamiste. Sans compter les autres mouvements dissidents voire séparatistes du Sud dont certains liés à al-Qaida, et d'autres tribus rebelles chiites au Nord, qui ont profité de l'instabilité.

En rentrant au Yémen et en appelant à un cessez-le-feu, le président Saleh prépare clairement les modalités de sa succession, avec l'aval des monarchies membres du Conseil de Coopération du Golfe. Selon un responsable du palais, il devrait prononcer un discours le 26 septembre, à l'occasion du 49e anniversaire de la révolution, qui avait vu naître à l'époque la première République de la péninsule arabique.

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