L’armée syrienne prend d’assaut la ville de Deir Ezzor à l’est du pays

Des chars de l’armée syrienne sont entrés tôt, ce dimanche 7 août 2011, dans la ville de Deir Ezzor à l’est du pays. Un assaut suivi d’une série d’explosions selon des militants des droits de l’homme qui évoquent aussi de nombreuses arrestations. Une attaque menée seulement quelques heures après un contact téléphonique entre Bachar el-Assad, le président syrien, et le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et alors que la pression internationale s’accentue.

L’armée syrienne est entrée en force ce samedi matin à Deir Ezzor. Quelque 250 chars et transport de troupes blindés ont pénétré dans plusieurs quartiers de cette ville de l’est du pays en proie depuis plusieurs semaines à une vive contestation du régime de Bachar el-Assad. Selon des militants des droits de l’homme, « des obus résonnent dans plusieurs quartiers » et plus de 40 personnes auraient été tuées notamment dans le quartier de Joura. Une attaque massive mais pas surprise. Depuis plusieurs jours les habitants de Deir Ezzor fuyaient la ville pour échapper à cette offensive annoncée.

« Ils ont commencé à envahir la ville vers deux heures et demi du matin, témoigne Le docteur Moussab Azzawi de l'observatoire syrien des droits de l'homme joint en Norvège par RFI. Ils sont entrés par l'ouest et par le sud. Ils ont alors commencé à déployer des soldats et surtout des groupes de paramilitaires, ceux que l'on appelle des shabiha et qui sont payés pour soutenir le régime. La ville est traversée par l'Euphrate. Il passe en plein milieu alors les gens ont essayé de s'enfuir en passant par les petites routes le long du fleuve. Il y a eu des tirs très intenses sur les rives de l'Euphrate. Il y a des tireurs postés sur les toits les plus hauts de la ville et ils tirent sur tout ce qui bouge ».

Arrestations en masse

L’armée mène en parallèle de cette répression une grande campagne d’arrestations. Pour Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) joint par l’AFP à Londres, les forces de sécurité ont interpellé « des dizaines de personnes par quartier ».

Le régime semble avoir lancé une opération d’envergure commencé quelques heures plus tôt dans la capitale du pays. Des forces de l’ordre ont arrêté l’un des principaux opposants. Walid al-Bounni et ses deux fils auraient été interpellés dans leur résidence de la banlieue de Damas. L’homme avait été en 2000 l’un des animateurs du « printemps de Damas ».

Vague répressive aussi à Houlé dans la province de Homs. Des chars de l’armée ont pénétrés dans cette ville située au centre du pays. Il y aurait déjà de nombreuses victimes. L’OSDH évoque au moins dix morts à Houlé et plusieurs dizaines de blessés.

Pression diplomatique

Une offensive de l’armée syrienne qui intervient alors que la pression diplomatique se renforce sur le pouvoir de Damas. Cette nuit, le secrétaire général de l’ONU s’est entretenu avec le président Bachar el-assad lui demandant de mettre fin à la campagne militaire contre les opposants.

Auparavant, Washington, Paris et Berlin avaient haussé le ton envisageant de nouvelles mesures contre le régime syrien. Peu après, les monarchies du golfe Persique avaient, pour la première fois depuis le début de la contestation, appelé Damas à mettre fin à « l’effusion de sang ».

En dépit de ces demandes, le pouvoir souffle le chaud et le froid. Hier, le ministère syrien des Affaires étrangères avait annoncé l’organisation d’élections législatives « libres et transparentes » dans le pays d’ici la fin de l’année. Un espoir vite oublié ce matin avec cette nouvelle vague de répression. Depuis la mi-mars et le début de la contestation plus de 2 000 personnes auraient été tuées en Syrie, selon l’OSDH.

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