L'Etat de Palestine en question à l'ONU en septembre prochain

Le projet palestinien d'obtenir l'adhésion d'un Etat de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale de l'ONU a été au cœur des discussions mensuelles sur le Proche-Orient du Conseil de sécurité, qui ont eu lieu le 26 juillet 2011 à New York. Les représentants israélien et palestinien se sont de nouveau ouvertement divisés sur cette question. Le débat s'anime à un mois et demi de la prochaine réunion onusienne et à quelques jours de l’envoi de la demande officielle palestinienne aux Nations unies.

Les larmes d’un ambassadeur, les jeux de mots d’un autre. Mardi à New York, Riyad Mansour, le représentant palestinien s’est effondré en pleurs devant les membres du Conseil de sécurité après avoir dénoncé l’occupation israélienne et appelé l’ONU à reconnaître l’Etat de Palestine. L’ambassadeur israélien auprès de l’ONU, Ron Prosor a de son côté agité la carte de la peur et pris à partie Riyad Mansour en lui demandant « au nom de qui il allait présenter le projet de résolution en septembre ? Monsieur Abbas [ndlr : le président de l’Autorité palestinienne] ou le Hamas [ndlr : le mouvement islamiste qui a pris le contrôle de Gaza en 2007 et qui refuse de négocier avec Israël] ? »

Le projet palestinien de demander l’admission de la Palestine à l’ONU est devenu l’objet d’une véritable bataille diplomatique entre les Palestiniens -qui ne savent plus quoi faire pour sortir les négociations de paix totalement dans l'impasse depuis près d'un an- et les Israéliens qui ne ménagent pas leurs efforts pour annihiler l'initiative palestinienne avant même qu'elle ait pu voir le jour. Tous les moyens de pression sont bons, pas seulement auprès des chancelleries occidentales ; mais aussi auprès du grand public. C’est ainsi qu’une vidéo récemment postée sur Youtube défend les positions du gouvernement israélien.

Une vidéo qui explique le « politiquement correct »

Un film de 6 minutes intitulé La vérité sur la Cisjordanie met en scène le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon, qui appartient au même parti ultranationaliste que son sulfureux patron, Avigdor Lieberman. Dessins animés et bruitages viennent à l’appui d'une lecture particulière de l'histoire de la région. Danny Ayalon explique qu'il ne faut plus parler de territoires occupés mais simplement de « territoires disputés » et qu'il est également « politiquement incorrect » de parler des frontières de 67.

Le chef des négociateurs palestiniens a vivement réagi à cette vidéo, Saëb Erakat se dit choqué de cette présentation « cynique et erronée de l'histoire » ; qui a pour seul but, d'après lui, de démontrer que les Palestiniens doivent simplement négocier et surtout ne pas essayer de faire avancer leur cause via une résolution des Nations unies.

Pressions et menace de veto américain

Entre les multiples pressions israéliennes et le veto annoncé des Etats-Unis, qui rendra caduque toute demande de reconnaissance d'un Etat de Palestine auprès du Conseil de sécurité, les dirigeants palestiniens -qui avaient annoncé il y a deux ans, qu'ils avanceraient coûte que coûte vers la construction d’un Etat- voient leur marge de manœuvre se réduire au fil des semaines.

Une réunion restreinte du comité de suivi arabe à Doha, avec la participation du Qatar, de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite doit avoir lieu le 4 août prochain. Les Palestiniens doivent encore décider quel pays présentera leur demande auprès des Nations unies, demande qui doit être faite en principe 35 jours avant l’Assemblée générale de l’ONU.

Mais au-delà de ces questions techniques, la direction palestinienne continue de travailler à l'élaboration d'une stratégie. D’après la conseillère de la Mission de Palestine en France, Taghrid Sinouar , deux options sont pour l’instant sur la table, la première sera mise en œuvre « auprès du Conseil de sécurité, la deuxième auprès de l’Assemblée générale ».

Un processus de longue haleine

Officiellement, tout est préférable au statu quo actuel. Les Palestiniens misent sur un vote massif de l’Assemblée générale qui isolera un peu plus Israël sur la scène internationale. Une fois le rapport de force modifié, il devrait être ensuite plus facile pour eux de reprendre les négociations avec les Israéliens.

La fin de la parenthèse d’Oslo

Cette stratégie risque toutefois de montrer assez vite ses limites et finalement contraindre la direction palestinienne de reconnaître que rien n'a vraiment évolué depuis la première déclaration d'indépendance de l'Etat palestinien en 1988 à Alger. Or « si rien n’a changé depuis près de 25 ans », comme l’explique le chercheur Julien Salingue, auteur de l'ouvrage A la recherche de la Palestine [édition Le Cygne 2011], les Palestiniens devront finir par en tirer les conséquences et peut-être « refermer la parenthèse d’Oslo et mettre un terme au projet des deux Etats ».

Une majorité de Palestiniens, 65% des personnes interrogées lors un sondage réalisé à la mi-juin, soutiennent néanmoins cette procédure auprès des Nations unies, sans pourtant croire que cela mènera à la fin de l'occupation israélienne ou que cela permettra de créer leur Etat.

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