De fausses promesses d’ouverture selon les manifestants
Environ 200 personnes étaient invitées à cette réunion : des personnalités proches du régime, des membres du parti Baas au pouvoir, quelques opposants et des personnes présentées comme des indépendants (acteurs, écrivains, intellectuels…). Les autorités avaient assuré aux délégués qu’ils participeraient à de véritables réformes sur le multipartisme, la liberté d’expression, les élections, y compris la révision de l’article 8 de la Constitution, qui stipule que le parti Baas au pouvoir depuis 1963 est le « dirigeant de l’Etat et de la société ». Justement, l’opposition réclamait l’abrogation de cet article.
Les partisans actifs du régime participent donc à ce qui est présenté comme une « préparation à un dialogue national », mais ils n’ont en réalité pas intérêt à un quelconque changement et veulent conserver leur pouvoir à tout prix. En revanche, certaines personnes présentes dans cette réunion commencent à se préoccuper d’une alternative à Bachar el-Assad, mais elles ont peur de l’éventuelle accession des Frères musulmans au pouvoir ou du risque d’une partition du pays.
Le régime dénonce un complot de l’étranger et agite le spectre du chaos
Le régime joue sur cette peur du chaos à l’intérieur du pays. Le nouveau président de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a d’ailleurs rencontré le président Bachar el-Assad ce mercredi à Damas, il a rappelé « l’importance de la stabilité en Syrie … nécessaire pour assurer la stabilité » dans tous les pays de la région ; il a aussi refusé « toute ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes ».
Les contestataires de la rue et l’opposition dans sa large majorité refusent tout dialogue tant que la répression continue, que les prisonniers politiques ne sont pas libérés, que des enquêtes sur les crimes commis ne sont pas ordonnées, et que la liberté de manifester pacifiquement n’est pas garantie. Les manifestants eux, réclament la chute du régime et des élections libres.
De leur côté, les autorités dénoncent un complot ourdi de l’étranger : les manifestants seraient manipulés de l’extérieur pour commettre des violences contre des civils et les forces de sécurité et ainsi déstabiliser le pouvoir. Le président Bachar el-Assad avait qualifié les manifestants de « saboteurs » ou d’« extrémistes » dans son troisième discours le 20 juin dernier.
La « rencontre consultative du dialogue national » du 10 juillet s’est tenue dans un climat de forte suspicion, après les visites des ambassadeurs américains et français dans la ville de Hama où étaient mobilisées d’immenses manifestations. Les autorités ont qualifié ces visites « d’ingérence dans les affaires intérieures ». En réaction, des partisans du régime ont attaqué lundi 11 juillet les représentations diplomatiques des deux pays à Damas.
Malgré ces tensions diplomatiques et la poursuite de la répression par les forces de sécurité dans plusieurs villes du pays, le gouvernement a qualifié les discussions du 10 juillet de « franc succès ». Le vice-président Farouk al-Chareh a martelé que « sans un système politique multipartite démocratique … notre société ne parviendra pas à la liberté et à la paix civile ».
C’est ce que prône Elias Khouri, président de l’Union des juristes arabes et représentant de cette ONG auprès de l’ONU à Genève. Il soutient le président Bachar el-Assad et croit à cette ouverture démocratique du régime.